Messe de Noël

 

Mgr Guy Chevalier, évêque, à la cathédrale de Taiohae, Polynésie française, le 25 décembre 2006
Lectures bibliques : Isaïe 57, 7-2; Tite 3, 4-7; Jean 1, 1-18 – Année C

Frères et soeurs, proches et lointains,

C’est Noël… Tout autour de nous c’est la fête, avec la joie partagée, la joie de donner et de recevoir, la joie du repas amélioré, la joie de se retrouver et … la joie de l’Eucharistie. La joie des hommes est davantage encore celle de Dieu qui se réjouit de voir les hommes, le cœur en fête.

 

  Que fêtons-nous vraiment ?
Nous nous arrêtons volontiers devant la crèche, touchés par le récit des Évangiles ; pourtant, Noël est bien plus que le rappel d’une naissance.

Nous fêtons, non pas un souvenir lointain, mais la réalité de l’intervention de Dieu dans l’histoire de l’humanité, une réalité qui continue, la venue de Dieu en personne, chez les hommes.
L’Évangile selon saint Jean dépasse les personnages et les détails de la crèche pour nous présenter Jésus. C’est lui, l’essentiel de cette fête, la grande annonce de Noël, la bonne nouvelle qui vient du ciel. Avec les mots de la Bible, l’Évangile exprime la foi des chrétiens : Jésus est le Fils de Dieu, la Parole de Dieu, Dieu lui-même, créateur de tout l’univers. En lui, Dieu vient parmi nous en se faisant homme comme nous. « Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était Dieu, et le Verbe s’est fait homme. »

Avec Jésus disparaît la distance infranchissable entre le Créateur et la créature.

Ce Dieu tout puissant, le Très-Haut inaccessible, si lointain, qui nous abandonne à notre sort, comme parfois nous l’en accusons, le voici qui vient vers nous, pour demeurer avec nous. « Dieu s’est fait homme, en tout semblable aux hommes sauf le péché. »

En Jésus, Dieu se donne à voir. Il se présente dans la pauvreté, avec la faiblesse et la fragilité d’un nouveau-né. Il choisit le parti des petits. Il ne désespère pas des hommes. Malgré leurs crimes, leurs guerres, leurs méchancetés, les hommes, pour Dieu, sont dignes d’être aimés et sauvés.

En Jésus, Dieu vient nous parler, se faire connaître et crier sa passion pour les hommes. Tout, en Jésus, sera révélation de cet amour de Dieu, depuis sa naissance jusqu’au grand message de sa passion, de sa mort et de sa résurrection.

À Noël, Dieu nous donne son Fils ; au Calvaire, le Fils lui-même se livrera, donnant librement sa vie pour preuve de son amour sans limite. C’est bien cet amour de Dieu que chantaient les chœurs célestes, dans la nuit de Bethléem ; belle façon de dire que Dieu rend manifeste ce que le ciel vit et contemple pour l’éternité, alors que notre monde a encore besoin de l’entendre : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

Dieu se penche sur la terre des hommes et confie son projet sur le monde : Il veut la paix, il promet la paix. Non pas une certaine bonne entente ou une paix fragile mais la paix véritable, le bonheur pour tous les hommes. En gage de son amour et de sa promesse, il donne son Fils, son unique, ce qu’il a de plus précieux.

Deux mille ans après, nous sommes bien déçus avec les troubles, les guerres, la misère, les situations inhumaines sans nombre, malgré toutes les bonnes volontés qui travaillent au bonheur des autres. La construction du bonheur pour tous, il est vrai, dépasse les possibilités humaines et beaucoup jugent une telle entreprise impossible et illusoire, mais Dieu lui-même s’y est engagé. Et c’est cela que l’on oublie, la part de Dieu.

L’homme veut agir tout seul et réussir sans Dieu, alors que depuis Jésus, Dieu fait cause commune avec les hommes. Il nous propose d’être ses partenaires, mieux encore, de devenir ses enfants pour lui rendre gloire, lui donner toute sa place et pour nous rendre capables de redonner à chacun sa dignité, sa beauté.

Dieu a pris le risque d’être refusé, rejeté. Il n’en demeure pas moins présent à notre histoire et à notre vie, comme l’indique un nom donné à Jésus, « Emmanuel », c’est-à-dire « Dieu avec nous ». Il parle dans le silence des cœurs et dans les événements ; sa présence discrète n’est pas absence. Mais pour le percevoir ou le reconnaître, il nous faut accepter de venir à lui et de lui dire : « Seigneur Jésus, Fils de Dieu, je crois en toi».

À Noël ; Dieu se fait proche des hommes.

Chaque jour c’est Noël pour qui accueille l’amour de Dieu dans sa vie.
Chaque jour c’est Noël pour qui, avec Dieu, se fait proche des hommes.

 

 

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