Messe de Minuit

 

Abbé Thierry Fouet, église St-Joseph, Genève, le 25 décembre 2010
Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Tite, 2, 11-14; Luc 2, 1-14 – Année A

 

A propos de la fête de Noël, j’ai souvent entendu la remarque suivante : « ce n’est plus Noël d’autrefois, l’ambiance n’y est plus »… Noël se serait donc fatigué, usé…
Noël aujourd’hui n’est pas à l’identique d’autrefois : est-ce Dieu qui est fatigué ou nous-mêmes qui avons changé.. ?

Laissons le passé à l’histoire, délestons-nous du futur qui n’est pas encore et qui reste un mystère : vivons ce soir, ce Noël présent ici et maintenant.
Noël du Seigneur ne change pas, car Dieu EST éternel, toujours aujourd’hui, toujours actuel : sa tendresse est inconditionnelle.
A chaque Noël que Dieu vient vivre avec nous, il nous redonne avec force, dynamisme, la Bonne Nouvelle : la joie, la paix offertes à Bethléem pour tous.

Cette Bonne Nouvelle, c’est que Dieu se fait proche des hommes afin que les hommes se fassent proches de lui, c’est que Dieu entre dans notre monde afin que nous entrions dans le sien ; l’enfant-Dieu, Jésus, s’habille de notre humanité afin que nous revêtions sa divinité.
Voilà le message toujours aussi neuf, toujours aussi beau, aussi vibrant, aussi merveilleux d’une année à l’autre.
Si nous restons nostalgiques et pensons que nos Noëls ne sont plus ce qu’ils étaient, c’est sans doute que nous n’avons pas ou plus le courage d’accueillir Celui qui donne sens à Noël : ce petit enfant signe concret de la vie toujours nouvelle, Jésus.

Accueillir un enfant ne va pas de soi. Un enfant oblige à changer ses habitudes, à en abandonner certaines et à en adopter de nouvelles. Accueillir la tendresse de Noël, c’est refuser de garder les rancœurs en acceptant d’aimer, d’être aimé, de pardonner. C’est refuser de rester recroquevillé sur soi, sur sa gloriole… vivre Noël c’est nous laisser déranger par l’Enfant qui demande à naître en chacun de nous et nous laisser toucher au cœur par son message. Alors attention car la qualité de nos cœurs conditionne la qualité de Noël. Cette nuit, laissons nos cœurs se réchauffer, se laisser toucher par l’amour que Dieu nous porte, afin que l’enfant-Dieu prenne corps en nous.

  Regardons la crèche, soyons sans peur, approchons-nous, voyons de tout près : cette petite main de l’enfant qui se blottit dans nos mains : n’est-ce pas cela la plus belle crèche ?

C’est tellement étonnant : c’est Dieu qui se confie et se livre à nous (et non l’inverse) cet enfant est nu, fragile, nouveau-né, toute petite main tremblante et confiante livrée dans nos mains !!!:
L’ordre des choses est inversé ; c’est un nouveau regard. Ce n’est pas dans les dorures et dans les palais que le Seigneur se donne, mais sur la paille d’une étable. Jésus est toujours dérangeant, surprenant et nous remet en question.

En définitive, des deux mains, on ne sait laquelle garde et veille sur l’autre. Dieu se confie à l’homme mais l’homme est éclairé par Dieu. L’un ne peut s’accomplir sans l’autre, nos histoires sont mêlées, imbriquées. Et Jésus n’appartient pas aux chrétiens. Il est pour tous les hommes, il est le petit frère bien-aimé de tous.
Fêter Noël c’est accepter cette petite main au creux de la nôtre, c’est consentir à se laisser recréer par la main de cet enfant. Ce oui de Dieu libère en nous la force et la richesse de tous nos oui.

Toi, le Seigneur de l’Univers, tu deviens un nouveau-né. Toi, le maître des temps et des saisons, tu viens te blottir au fond d’une mangeoire. Toi qui connais
le nombre des étoiles, tu viens te faire recenser chez les hommes. Seigneur, tu es le tout-puissant, mais ta puissance est celle d’un bébé : capable d’éveiller le plus dur des cœurs à la tendresse et à l’amour.
Comment, toi Dieu, qui  es si grand, peux-tu soudain être un si petit enfant ? comment, toi Dieu, qui es à l’infini, peux-tu être si proche de moi qu’un nouveau-né qu’on berce dans ses bras ? comment, toi Dieu, qui es Père, peux-tu soudain être mon frère ? comment, toi Dieu, qui es Dieu, peux-tu soudain être un homme ? je retourne ces questions dans ma tête sans trouver de réponse. Je ne saurai donc jamais comment…. Mais à Noël, au lieu de me dire comment, dans mon cœur, tu me dis pourquoi. Tu me dis : Il n’y a que l’AMOUR.

 

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