Messe de Minuit 2006

 

Homélies


Abbé Jean Glasson, à l’église du Pâquier, FR, le 24 décembre 2006
Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Tite 2, 11-14; Luc 2, 1-14 – Année C

Introduction

« Il est né le divin enfant, chantons tous son avènement » ! Ce cri de joie déchire notre nuit. Il a déjà retenti sur les ondes depuis Sion où nos frères réformés ont veillé. Or la joie, ça se partage ! Aussi grâce à la technologie de la radio, les murs de notre petite église semblent s’étirer pour embrasser le monde entier et accueillir les malades, les personnes âgées, les prisonniers, et vous tous qui, sur la route ou dans l’impossibilité de sortir, venez nous rejoindre pour célébrer l’Enfant-Dieu. Soyez donc tous les bienvenus ! Ensemble, préparons-nous à célébrer cette Messe de Fête en reconnaissant notre péché ; il est né, celui qui nous sauve !

Homélie

Chrétiens et chrétiennes, et vous tous qui vous unissez à notre joie en cette nuit !

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ».

Nous sommes ce peuple, nous l’humanité tout entière, qui marchait et qui marche encore bien souvent dans les ténèbres. Isaïe nous révèle que nous avons vu se lever une grande lumière.

Nous l’attendons cette lumière, nous qui sommes plongés dans la nuit de la violence, de la haine, de l’incapacité à nous ouvrir à l’autre ; nous qui âgés, voyons nos forces décliner et notre dépendance de plus en plus accentuée ; nous qui, encore jeunes, n’avons pas de travail et avons du mal à trouver nos repères dans une société éclatée ; nous qui, malades ou en deuil, avons l’impression de sombrer dans l’abîme…

Oui, nous sommes dans la nuit et c’est bien le sens de cette messe au cœur de la nuit. Dans notre vie, comme dans notre monde, tout semble parfois se déglinguer…

  Nous avons besoin d’un sauveur, d’un être qui puisse nous apporter la paix, un être fort, capable de renverser la logique négative de ce monde. La Parole de Dieu nous l’annonce pour cette nuit…
Mais lorsque nous nous intéressons au message de l’évangile, que voit-on ? Un bébé couché dans une mangeoire par manque de place dans la salle commune.

Comment ! C’est cela cette Bonne Nouvelle, cette lumière qui serait, au dire d’Isaïe, capable de « prodiguer l’allégresse », de faire « grandir la joie » ! De « briser le joug » qui pèse sur nous et le « bâton qui meurtrit » nos épaules !

La réponse de Dieu ne correspond pas vraiment à ce que nous attendions. Que peut un enfant incapable de parole, fragile et dépendant en tout de ses parents ? Et pourtant Saint Luc affirme que les anges eux-mêmes se réjouissent de cet événement et le communique aux moins que rien de la société juive : les bergers.

C’est cette allégresse des anges qui nous interpelle et nous conduit, pas à pas, à découvrir dans cet enfant plus qu’un enfant. Cette réponse de Dieu est peut-être bien plus profonde, bien plus belle que ce que nous aurions imaginé.

Dieu ne veut pas nous sortir de notre nuit sans nous ! Il se fait l’un de nous pour, avec nous, trouver le chemin de la joie et du bonheur. Dieu vient expérimenter notre nuit dans la Personne de Jésus pour nous faire expérimenter sa lumière. Une lumière capable de nous faire avancer à travers les brouillards les plus épais, les épreuves les plus inimaginables. C’est ce même enfant, en effet, qui marchera avec courage vers Jérusalem et qui y sera mis à mort en murmurant : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ».

Alors, nous comprenons que notre existence terrestre est une perpétuelle nuit de Noël : nous sommes dans les ténèbres, mais nous pouvons, si nous accueillons Jésus dans nos vies, non seulement en parole, mais en acte, expérimentez sa lumière.

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