Messe de l’Epiphanie du Seigneur


Abbé Marc Joye, à l’église Sts-Pierre-et-Paul, Treyvaux, FR, le 5 janvier 2003.

Lectures bibliques : Isaïe 60, 1-6; Ephésiens 3, 2-6; Matthieu 1, 1-12

Estelle, 17 ans, a le privilège d’appartenir à une famille aisée. Depuis son enfance, elle est comblée. Elle n’a jamais manqué de rien. Et pourtant, la tristesse se lit sur son visage. Quand on lui demande ce qui ne va pas, elle répond : « Je suis triste, parce que je ne désire plus rien ».

 

Nantie, comblée, blasée, Estelle n’a pas de chance. Elle a tout et pourtant elle manque de l’essentiel. Estelle signifie justement étoile. Elle croupit cependant dans une nuit sans étoile. Dans son cœur, il fait froid, il fait nuit. Elle n’attend plus rien de la vie. Elle ne cherche plus rien. Estelle ne peut pas trouver sa place dans le cortège de ces Mages qui se mettent en route et qui cherchent.

 

J’aime ces Mages. Pas tellement pour leur goût de l’aventure, ni pour leurs chameaux, ni pour leur magnifiques costumes d’Orient ni pour les trésors qu’ils emportent dans leurs coffres ni pour l’encens qu’ils n’ont pas oublié.

 

Je les aime parce que ce sont des chercheurs qui n’ont pas hésité à se mettre en route, sans trop savoir où les conduirait cette étoile, sans savoir non plus combien de temps allait durer leur voyage et sans savoir les risques qu’ils prenaient.

 

Je les aime encore parce qu’ils iront jusqu’au bout de leur recherche, de leur quête. Je les aime aussi parce que, lorsqu’ils auront enfin découvert ce Roi, ce Messie tant attendu, ils ne vont rien lui demander, aucun avantage, aucune faveur, ni protection spéciale pour eux-mêmes et leurs familles. Rien de tout cela.

 

Alors, que font-ils ? Tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Attitude merveilleuse ! Non seulement ils ne demandent rien, mais ils ouvrent leurs coffrets pour offrir leurs présents : or, encens, myrrhe. Ils ne demandent rien. Ce sont eux qui donnent, qui se donnent. Quelle leçon !

 

Pour nous, célébrer cette fête de l’Epiphanie, ce matin, ne serait-ce pas redécouvrir que notre vocation de baptisé est toujours une vocation de « chercheurs ». Chercheurs de cet Enfant, notre lumière sur le chemin de la vie, notre étoile dans la nuit de nos cœurs.

 

Nous n’allons pas nous imaginer trop vite avoir déjà trouvé. Tout trouvé. N’allons pas croire que nous savons tout, comme ces scribes, ces copistes, ces biblistes de Jérusalem qu’Hérode interroge. Ils savent tout, en effet. Ils sont capables de dire avec exactitude où doit naître cet Enfant attendu. Ils savent dans leur tête, mais ils ne font pas le premier pas pour se mettre en route et chercher.

 

Dans la Bible (livre de Baruch), il est dit très justement : Une fois convertis (une fois que vous aurez trouvé Dieu), mettez dix fois plus d’ardeur à le chercher.

 

Ne soyons donc pas des hommes, des femmes, des croyants, des chrétiens nantis, blasés. Ne soyons pas comme des marmottes en hibernation. Notre vocation est d’être des « chercheurs » de sens, de bonheur, de réussite, de justice, de paix.

 

« Chercheurs », nous le sommes en scrutant la Bible, comme ont si bien su le faire les savants de Jérusalem. « Chercheurs », nous le sommes dans la prière, cette attitude fondamentale qui nous rend disponibles à Dieu qui brûle d’envie de se révéler à chacun d’entre nous. « Chercheurs » nous le sommes aussi dans toute notre vie où Dieu nous donne plein de signes, comme de petites étoiles sur notre route qu’il faut savoir découvrir et contempler.

 

C’est chaque jour qu’il faut se mettre en route.

C’est chaque jour qu’il faut chercher, découvrir Celui qui est notre étoile, Christ, notre lumière, Amen.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *