Messe de l’Epiphanie

 

 

Abbé Dominique Ballif, à l’église de Poliez-Pittet, le 4 janvier 2004.

Lectures bibliques : Isaïe 60, 1-6; Ephésiens 3, 2-6; Matthieu 2, 1-12

Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. Il y a des rencontres qui nous transforment radicalement. La rencontre de son conjoint. La rencontre d’un ami. La venue au monde de ses enfants. Des rencontres et des événements qui modifient de fond en comble une existence. La rencontre de Jésus, l’Emmanuel, est de celle-là. Pour les mages, comme pour les croyants, elle ouvre de nouveaux horizons. Elle est invitation à changer de trajectoire et de perspective.

Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Que s’est-il passé dans leur cœur et dans leur histoire pour ne plus avoir besoin ni d’Hérode, ni de Bethléem, ni d’étoile…

Pas à pas, suivons les Mages dans leur quête de Dieu….

Et parlons tout d’abord de leur origine. Ils sont venus d’Orient. Et pour l’époque, il n’y a pas plus étrangers que des Mages venus d’Orient. Etrangers de part leur origine géographique, mais aussi étrangers à cause de leur culture, de leur religion, de leur pratique de la magie et des horoscopes. On peut même traduire mage par charlatan. Dans la Bible, les mages ont bien mauvaise réputation. Rien ne les prédisposait à se mettre à la recherche du Roi des Juifs.

Et pourtant dans leur ciel d’Orient une étoile s’est levée. Dieu les appelle. Ils partent. Pour Jérusalem d’abord. Lieu du pouvoir religieux et politique. Mais là auprès du roi Hérode, l’étoile ne brille plus. Le roi des Juifs ne naît pas chez un tyran. En ce lieu de pouvoir, dans les couloirs du palais d’Hérode, il n’y a qu’inquiétude, machination, incrédulité. Après cette halte, ils s’en vont vers Bethléem. Et l’étoile brille à nouveau. Elle les guide. Ils sont habités par une très grande joie. Et là une maison. Une simple maison et la vie d’un couple. Et une maison. Les mages auraient eu de quoi être déçus. Ils venaient trouver un enfant de roi et ils ne trouvent qu’un enfant né dans une famille pauvre. Mais les mages ont su reconnaître Dieu dans le simple quotidien de ce couple et de ce nouveau-né. Ils tombent à genoux, rendent hommage, ouvrent leur trésors.

Cette rencontre modifie leur plan. Ils quittent Bethléem et retournent chez eux. Ils n’ont plus besoin de Bethléem. Plus besoin d’Hérode. Plus besoin d’étoile. La lumière leur est devenue intérieure. Ils retrouveront leur civilisation, leurs occupations, mais plus rien ne sera comme avant cette rencontre. Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Voilà un beau récit de voyage. C’est un voyage initiatique. Et ce voyage des Mages est aussi notre voyage, car nous sommes tous – en tant que croyants – des chercheurs de Dieu. En accompagnant les Mages dans leur voyage nous y découvrons les grandes étapes de la vie de foi, de notre relation à Dieu.

En premier lieu, c’est un appel à se mettre en route. Un appel adressé à tous, à qui que se soit, quelque soit son histoire ou ses origines. Nous sommes tous invités. Associés, comme le dit l’apôtre Paul, au même héritage, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’évangile. L’héritage et la promesse, c’est que brille la lumière de Dieu pour tout être humain. Avec le Christ – aux jours de Noël – le temps de la promesse est arrivé. Jésus est la Vraie lumière qui est entrée dans le monde. Pour tous, une nuit ou l’autre une étoile se lève dans nos obscurités. Au plus loin de notre cœur, là où nous avons le sentiment que Dieu est absent, Il fait poindre sa présence, son signe, son étoile.

Une fois que l’étoile de la foi s’est levée dans notre cœur, c’est la longue quête de Dieu – jamais finie – qui est à vivre. L’évangile des Mages nous dit que Dieu se donne à découvrir. Dans sa Parole et dans l’histoire du salut. Par le voyage des Mages, Dieu nous donne aussi un signe tangible de sa présence. C’est la joie des Mages. Lorsque la joie habite le cœur du croyant, une chose est sûre, Dieu est tout proche.

Troisième étape de ce voyage, la rencontre avec Jésus, l’Emmanuel, Dieu-avec-nous. Là, nouveaux signes de la présence de Dieu. Dieu, en Jésus, se fait naissance. Il se fait avenir ouvert. Il se fait commencement. Nouveauté. Nouveau-né. Dieu veut prendre naissance en nous. Il désire nous ouvrir un avenir qui va de commencements en commencements.

Dieu se dit aussi dans la fragilité et l’humilité d’un enfant né dans une humble famille. Dieu se rend donc présent à ce qui est faible et fragile. Nous avons à laisser Dieu se rendre présent jusqu’au Bethléem de nos cœurs. Dieu ne prend pas naissance dans la gloire de Jérusalem mais dans l’humilité de Bethléem. Il ne prend pas naissance au Temple de Jérusalem mais dans une simple maison. Depuis Noël, Dieu réside là où est cet enfant. Là où est la petitesse. Là où est la fragilité.

Comme pour les Mages, c’est dans des lieux de simplicité, d’humilité, dans le presque rien de la vie, que nous avons à venir rencontrer Dieu, à nous prosterner, à ouvrir nos trésors. Chacune et chacun de nous a auprès de lui un plus petit à aimer, un plus faible à soutenir, quelqu’un à visiter, à reconnaître, à aimer.

Gageons que dans ces rencontres, Dieu sera présent. Et que si Dieu s’y trouve, la joie nous accompagnera. Là, je crois, est l’autre chemin de l’évangile. Un chemin de simplicité et d’humanité vraie. Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Amen

 

 

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