Messe de l’Assomption

 

Abbé Jean-Luc Farine, prêtre Fidei Donum au Tchad, le 15 août 2004, à l’église San Vittore de Muralto, Tessin
Lectures bibliques : Apocalypse 11, 19 – 12, 10; 1 Corinthiens 15, 20-27; Luc 1, 39-56

(Traduction de l’italien)
Le chant qui surgit du cœur de Marie au jour de sa rencontre avec Elisabeth est une exaltation de la grandeur de Dieu et de son œuvre. Marie n’est pas étrangère à ce projet : elle en est la vraie protagoniste. Elle a été capable de mettre à profit sa propre simplicité et son existence de femme juive dans une société moyen-orientale pour une entreprise inimaginable. Mais est-ce seulement un privilège qui lui est réservé, à elle l’Immaculée ? Essayons de réfléchir ensemble.

(Suite en français)
Le pays africain du Tchad est entré dans le cercle restreint des pays producteurs de pétrole. La compagnie américaine ESSO a creusé plusieurs dizaine de puits pétroliers. Il y en a en tout 300, en fonction depuis octobre 2003. Non loin on continue à faire d’autres prospections à la recherche de ce précieux élément. Tellement important pour le monde entier qu’on pourrait croire que cette population africaine a enfin trouvé une richesse à exploiter, qui va l’aider dans son développement. Ce n’est malheureusement pas le cas. Ils vont continuer à acheter leur seau en plastique et quelque goutte de pétrole pour la lampe du soir, avec cela ils seront modernes. L’attente et l’espoir des gens ont été vite déçus.

En Europe on vit de nouvelles préoccupations autour du pétrole. L’augmentation du prix du baril fait monter l’inflation et elle bloque la croissance économique. Le contrôle des zones de production a fait éclater des guerres et alimenter le terrorisme. L’essence et le mazout deviennent très chers. Mais très peu d’entre nous changent leurs habitudes. Les gens se plaignent et les journalistes s’amusent à décrire les causes et les conséquences à moyen et long termes.

Je raconte cette parabole du pétrole pour dire quoi? Pour parler de notre existence d’homme. Pendant des siècles ce métal précieux a reposé silencieux dans le ventre de la terre. Sa découverte a déclenché le progrès et le développement d’une partie du monde.

De même pendant des siècles nous restons cachés quelque part, et quand nos parents nous appellent à la vie c’est pour servir et faire du bien. L’élément précieux que nous sommes, est tiré de la terre pour rendre un service libre et multiple à cette humanité que nous formons dans un projet bien précis. Mais dès que nous sommes dehors, il y a toujours quelque chose qui ne marche pas: il en manque ou bien nous gaspillons.

Notre corps est attaqué par la maladie et nous en sommes affaiblis.

Nous avons commis des fautes qui désormais conditionnent notre vie.

Dans nos relations avec les autres, nous regrettons toujours un mot ou un geste de trop qui blesse.

Tout a été créé pour le meilleur, mais on découvre nos limites.

« Le Puissant a fait pour moi de grandes choses… »

Je crois que la fête de l’Assomption non seulement nous fait jeter un regard sur l’au-delà, pour nous rappeler que nous allons achever notre parcours humain dans la maison du Père au ciel. Cette fête nous aide à jeter un regard confiant sur le présent: le corps qui nous accompagne dans cette aventure terrestre est parti intégrant de la glorification future. Et il faut le préparer. Voilà pourquoi un corps parfois blessé par la souffrance et la maladie souhaite vivement la guérison. Une population opprimée par des conditions de vies inhumaines aspire à une transformation et à une libération.

Il faut la foi pour croire à ce miracle de l’assomption de Marie en corps et âme. Il faut encore plus de foi à croire que toute l’humanité telle que nous la vivons aujourd’hui, va être assumée au ciel pour la gloire.

« Il disperse les cœurs arrogants, il détrône les souverains, il élève ceux qu’ils ont piétinés. Les affamés sont comblés, les riches sont congédiés les mains vides. » Voilà décrite dans cet évangile l’action préparatoire qui revient à nous. Les chrétiens, dans leur engagement à évangéliser le monde et la société, sont les hommes et les femmes qui guérissent, qui soignent, qui consolent, qui défende la vie. Ce sont ceux qui ont le courage de dénoncer le mal et d’aller à contre-courant dans une société qui voudrait que nous soyons seulement des consommateurs.

Qu’est-ce que la nouvelle évangélisation dans une Europe qui en a besoin? Qu’est ce que l’évangélisation pour le Tchad où le premier annonce date d’il y a 75 ans à peine? C’est partout la responsabilité d’annoncer que nous croyons à un monde nouveau et à une terre nouvelle, que nous croyons à la force de transformation de l’amour. C’est œuvrer pour effacer la souffrance, la haine, l’oppression et l’injustice. Tout ce qui détériore le visage humain.

(Traduction de l’italien)
A l’évidence, lorsque nous regardons le ciel et espérons le rejoindre, nous ne pouvons pas faire moins que retrousser les manches et nous préparer à ce rendez-vous avec les meilleurs vêtements que nous ayons : ceux de la paix, de la confiance réciproque, du pardon et du courage de nous opposer au mal. Nous avons été appelés à la vie pour un projet grandiose qui est le propre rêve de Dieu pour l’homme : la liberté et le bonheur

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