Messe de l’Assomption

 

Abbé Marc Joye, à la chapelle Notre-Dame de Tours, Cousset, FR, le 15 août 2010
Lectures bibliques : Apocalypse 11, 19a, 12, 6-10; Corinthiens 15, 20-26; Luc 1, 39-56 – Année C

 

Chers frères et sœurs,

Lorsqu’on pose la question aux enfants du catéchisme pour leur demander quelles sont les principales différences entre catholiques et protestants, à coup sûr, parmi les premières réponses, on citera la Vierge Marie, celle que nous fêtons aujourd’hui. Vrai ou faux ? Marie, source de division ? Au départ, sûrement pas ! Les premiers réformateurs avaient une grande vénération pour Marie. Ils ont rédigé de magnifiques pages pour chanter les louanges de Marie, ou plutôt pour louer Dieu des merveilles réalisées en Marie. C’est par la suite que la situation s’est dégradée.

  Pour que Marie ne soit plus cause de division, il faut remonter à la source, revenir à la Parole de Dieu. Alors nous redonnerons à Marie sa vraie place. Non pas celle que nous souhaiterions lui accorder mais bien celle que Dieu lui-même lui donne. Parce que parler de Marie, c’est d’abord parler du Christ ; vénérer Marie, c’est d’abord vénérer le Christ ; glorifier Marie, c’est d’abord glorifier Dieu ; chanter les louanges de Marie, c’est d’abord louer Dieu ; aller à Marie, c’est aller au Christ.

La liturgie de ce jour a donc raison de nous parler d’abord du Christ, du Christ ressuscité et de nous faire méditer son mystère. Saint Paul nous dit, par deux fois, que le Christ est le premier des ressuscités et que tous ceux qui lui appartiennent revivront avec lui, participeront donc à cette même victoire de la résurrection. Marie en fait partie, avant nous, dès maintenant, nous rappelle cette fête de l’Assomption, joliment appelée la Pâque de l’été. La fêter aujourd’hui c’est donc fêter la victoire de Jésus sur la mort, au matin de Pâques. Nous proclamons, en ce jour, d’abord la gloire de Dieu et de son Fils ressuscité. Parce que c’est toujours la contemplation du mystère de Jésus qui nous permet de donner la juste place qui revient à la Vierge Marie dans l’histoire du salut.

Et l’Ecriture n’est pas triomphaliste, loin de là ! Le premier titre qu’elle donne à Marie est celui de : servante. C’est ainsi que Marie se définit elle-même, le jour de l’Annonciation. C’est encore ce même titre qu’elle s’attribue dans l’Evangile d’aujourd’hui, récit de la Visitation : « Le Seigneur a jeté les yeux sur son humble servante. » Plus tard, l’Enfant qu’elle porte en elle dira qu’il est venu non pas pour être servi, mais pour servir. Marie et Jésus, son Fils, unis dans un même idéal : servir, par amour, gratuitement !

Fêter Marie, dans son Assomption, en ce jour, c’est donc se laisser entraîner vers le Christ, c’est renouveler son désir de suivre le Christ, de vivre comme Lui, d’aimer et de servir comme Lui. Marie n’en finit pas de nous répéter ce qu’elle disait aux serviteurs des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » Non pas : faites tout ce que JE  vous dirai, mais bien : ce que LUI vous dira ! Voilà la vraie mission de Marie. Si tel est son rôle, ça vaut la peine de l’écouter, de l’aimer, de la fêter.

Lors du dernier pèlerinage diocésain à Lourdes, des ethnologues s’étaient glissés au milieu des pèlerins pour découvrir, analyser, mieux comprendre les sentiments de ces milliers de pèlerins rassemblés pour prier avec Marie. Leur découverte est surprenante et ne peut que nous réjouir profondément : « Le plus beau miracle, disent-ils, c’est désormais la conversion et non plus la guérison ! » Si Marie nous conduit au Christ au point de nous faire progresser sur le chemin de la conversion, alors on ne l’aimera jamais trop et elle ne sera plus source de division mais bien d’unité entre les chrétiens. Amen.

 

 

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