Messe de l’Ascension du Seigneur

Mgr Armand Maillard, archevêque de Bourges, à la cathédrale St-Etienne, Bourges, le 21 mai 2009
Lectures bibliques : Actes 1, 1-11; Ephésiens 4, 1-13; Marc 16, 15-20 – Année B

 

« Le Seigneur travaillait avec eux »
Aujourd’hui encore, le Seigneur travaille avec nous.

Frères et Soeurs,

Cette fête de l’Ascension, située entre Pâques et Pentecôte, est pleine d’enseignements qui peuvent éclairer notre condition de témoins du Christ aujourd’hui, dans notre monde du XXIe siècle.
Le temps des manifestations du Ressuscité aux disciples que nous rapportent les récits d’apparition des Évangiles trouve son terme : Jésus disparaît à leurs yeux. L’Église, les Apôtres, les disciples, les baptisés que nous sommes s’appuient sur le témoignage de ceux qui ont reçu ces apparitions mais l’Église devra vivre sans bénéficier dans ses membres de manière habituelle de ces expériences extraordinaires.
Alors que les Apôtres ont vu, il s’agit de croire sans avoir vu. N’est-ce pas la condition normale du croyant aujourd’hui ?

Pourtant, le temps de l’Église n’est pas le temps de l’absence du Seigneur. L’Église vit de cette promesse qui s’accomplit : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui viendra sur vous… Vous serez mes témoins à Jérusalem… et jusqu’aux extrémités de la terre. » La présence du Seigneur à son Église prend une autre forme mais elle est réelle : elle est réelle parce que le Père l’a promis ; elle est réelle parce que le Seigneur Jésus lui-même l’a dit : « Vous serez mes témoins » ; elle est réelle aussi parce que nous l’expérimentons dans la foi : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux », elle est explicitement située et rappelée par les anges eux-mêmes : « Jésus reviendra, même si vous l’avez vu s’en aller au ciel. »

Cette fête de l’Ascension nous rappelle la condition divine de Jésus, Fils de Dieu, exalté à la droite du Père : il s’élève, disparaît à leurs yeux de chair vers le ciel. Il siège au-dessus des puissances, il devient la tête de l’Église.
Mais, pour autant, il n’abandonne pas son Église : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui viendra sur vous. » Cette promesse, confiée aux Apôtres réunis autour de lui au moment de son départ, rejoint et fait vivre notre Église aujourd’hui encore : c’est une source d’espérance qui dépasse tous les calculs, toutes les stratégies humaines, qui défie toutes les prévisions des savants de toutes les époques qui ont parfois pu pronostiquer la disparition de l’Église en analysant ses erreurs et ses fragilités. Depuis plus de vingt siècles, l’Église traverse et surmonte les épreuves, les échecs, les persécutions : elle se remet en cause, se convertit, grâce à cette force qui l’habite, celle de l’Esprit Saint promise par Jésus.

À cette fête de l’Ascension, nous percevons mieux la profondeur du mystère de l’Église qui s’enracine dans la promesse du Christ : L’Église assume la continuité de la mission et du royaume que Jésus est venu inaugurer, assumer par sa Parole et son enseignement, accomplir par des actes et des gestes. L’Église poursuit cette œuvre. Humblement, l’Église, les fidèles, les baptisés, veulent, cherchent à enseigner ce que Jésus lui-même a enseigné ; ils veulent servir l’humanité des pauvres comme Jésus l’a si bien fait à travers des actes, des témoignages et des institutions de soins, d’éducation, de service des plus pauvres dans l’histoire de l’humanité. À sa manière, l’Église a contribué à servir et manifester la dignité de toute personne humaine, même les plus fragiles. Certes, on souligne facilement les défaillances de l’Église dans l’histoire, les guerres de religion : nous savons que l’Église est composée de fidèles qui restent des pécheurs ; pourtant, osons reconnaître qu’existe aussi cette face lumineuse de son histoire dont nous n’avons pas à rougir.

C’est qu’en effet, l’Église assume l’héritage reçu de son Seigneur qui lui a donné des consignes précises : l’horizon est un itinéraire qui va de Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre. Les derniers versets de l’Évangile de saint Marc sont aussi précis : « Allez dans le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. » C’est la bonne nouvelle à l’échelle de la mondialisation, comme par anticipation par rapport aux préoccupations de ce temps. Et les signes qui accompagneront les croyants sont le décalque de ceux accomplis par Jésus lui-même : chasser les esprits mauvais, parler un langage nouveau, se réconcilier avec la création, guérir les malades.

Voilà un beau programme de vie, un horizon et une feuille de route précisés par Jésus lui-même, et voilà donc la mission lancée pour le reste de l’histoire jusqu’à la fin des temps.

Cette aventure s’appuie sur cette certitude qui est un gage de foi que nous livre la fin de cet Évangile : « Le Seigneur travaillait avec eux. » Aujourd’hui encore, le Seigneur travaille avec nous.

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