Messe de la Sainte Famille

 

Abbé Pascal Gobet, le 26 décembre 2004, à la basilique Notre-Dame, Genève
Lectures bibliques : Ecclésiastique 3, 2-14; Colossiens 3, 12-21; Matthieu 2, 13-23

Chers Frères et Sœurs,
Chers Amis,

Après le chant des anges et l’allégresse des bergers au soir de Noël, nous voici dans l’intimité d’une famille, celle de Joseph, de Marie et de Jésus qui doit, dès le début de son histoire, connaître l’insécurité et les épreuves de l’exil. Le roi Hérode, en effet, était jaloux de cet enfant et voulait sa mort. On est bien loin de la douceur apparente de Bethléem si chère à notre cœur. Cette famille que l’on contemple avec attendrissement dans sa grotte campagnarde, aurions-nous vite oublié qu’elle fut jetée sur les chemins de l’exil ?

La fête de ce dimanche au lendemain de Noël veut nous dire ceci : l’évocation de la crèche traditionnelle ne doit pas rester simplement une fidélité à un passé qu’on imagine tout en sucre alors qu’elle est une espérance pour le présent et pour l’avenir.

L’évangile que nous venons d’entendre évoquant la fuite en Egypte est une véritable leçon de catéchèse. Joseph y occupe apparemment la place centrale puisque son nom y est prononcé quatre fois alors que celui de Marie et de Jésus n’y est jamais prononcé. Car ici, il représente tout le peuple de Dieu. En hébreu, le nom de Joseph signifie : « Que Dieu ajoute d’autres enfants à Celui qui vient de naître ». C’est très beau. On pense alors à ce foireux Joseph de l’Ancien Testament, un des douze fils de Jacob, qui fut vendu comme esclave en Egypte et qui incarna l’histoire du peuple hébreu. Pour fuir Hérode, comme pour revenir en Palestine, Dieu va lui dire, à l’époux de la Vierge Marie :  » Lève-toi, prends l’enfant et sa mère!  » Lève-toi! C’est le même mot qui sera utilisé pour parler de la Résurrection. C’est donc une parole très forte. Elle est adressée non seulement à Joseph mais à nous tous pour nous aider à faire le chemin de la vie. Car l’existence, comme elle le fait pour Joseph, Marie et Jésus, est pour nous une aventure, faite de risques, d’incertitudes, de mouvements et aussi de lumière. Et la lumière qui éclaire la route, c’est Jésus, le fils de Dieu. La Sainte Famille revenant d’Egypte est l’image du peuple juif retournant en Terre Promise, Joseph était un peu le nouveau Moïse guidé par celui qu’il porte et qui l’accompagne, Jésus.

Là, toute l’histoire du peuple juif trouve son accomplissement. Cet événement de la fuite en Egypte peut éclairer toute notre vie. La vie de famille tout d’abord. Celle-ci n’est pas qu’une route droite et délicieusement ombragée. Il y a des difficultés liées à l’éducation des enfants. « Les pères et les mères de famille, écrivait Charles Péguy, ces grands aventuriers du monde moderne !  » Il peut arriver de graves problèmes à résoudre, le risque de chômage qui bouleverse une vie de famille, ou alors une maladie, un accident, voire un décès. Mais il y a l’amour qui soude, qui unit, qui rend plus fort, comme fut l’amour de Joseph, de Marie et de Jésus. Et il y a la grâce du Christ, sa force qui est clamée dans toutes les circonstances de la vie, pour continuer la route pour aller de l’avant.

Il y a aussi dans nos familles parfois des tensions, des désunions qui amènent les séparations et des recompositions. Tout cela peut être douloureux, difficile. Mais n’oublions pas que sur ce chemin de la vie de famille quelquefois rocailleux il y a la présence du Christ qui accompagne, qui soutient et qui redit à celles et à ceux qui peinent : « Lève-toi, ressuscite, crois en la force de l’unité et de l’amour que je veux te clamer, va vers la vie « !

Parmi nous, il y en a qui sont célibataires, veufs ou veuves, séparés. Ils ont aussi leur chemin de vie à accepter. Il est marqué par des pauvretés et des détachements et de nouveaux horizons pleins d’espoir. Dans tout ce qui fait nos deuils, comme on dit, nos exils, nos solitudes, nos recherches, il y a quelqu’un qui nous aime, qui chemine avec nous, qui nous soutient pour nous permettre de rester des vivants. C’est le Christ notre Seigneur. Sachons le garder au creux de notre vie comme Marie le gardait serré contre elle lors de son exil en Egypte et du retour en Palestine.
Amen

 

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