Messe de Pâques

 

Abbé Guy Oberson, au monastère du Carmel, Le Pâquier, le 24 avril 2011
Lectures bibliques : Actes 10, 34-43; Colossiens 3, 1-4; Jean 20, 1-9 – Année A

 

 

Chères sœurs et chers frères en Jésus-Christ, chers amis,

« Joyeuse, belle et sainte fête de Pâques », allons-nous dire tout au long de ce premier jour de la semaine où nous fêtons le Christ ressuscité. Oui, le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Comment pourrions-nous l’affirmer, si les témoins du premier matin de la résurrection, et, une foule d’autres témoins à leur suite, depuis près de deux mille ans, ne nous avaient pas transmis cette Bonne Nouvelle, la Bonne Nouvelle qui a tant marqué et changé l’histoire de l’humanité.

La première lecture de ce jour nous fait part du témoignage de l’apôtre Pierre auprès du Centurion romain à Césarée. Ce choix veut nous rappeler l’importance de témoigner de la résurrection.

Il est étonnant tout de même que ce n’est pas lui, Pierre, qui se trouve le premier au tombeau ce matin là, mais bien Marie Madeleine. Elle s’y rend de grand matin, nous dit l’évangéliste Jean, alors qu’il fait encore sombre. Il fait sombre surtout dans son cœur à elle, qui était très attachée à Jésus et donc profondément attristée par sa mort. Guérie et délivrée par Jésus, elle le suit avec les apôtres et d’autres femmes, depuis la Galilée jusqu’à Jérusalem, l’écoutant comme disciple et se mettant à son service.

C’est tout ce que Jésus a été pour elle qui la met en route très tôt, ce matin là.  Arrivée au tombeau, quelle surprise à la vue de la pierre roulée. Elle est la première à être témoin de cet  indice déterminant, la pierre roulée, qu’elle interprète comme l’indice d’un enlèvement du corps de Jésus. Elle, femme, dont le statut social ne lui permettait pas de témoigner, son témoignage étant sans valeur, elle va devoir rendre compte de ce qu’elle a vu. Elle court dire à Simon Pierre et l’autre disciple : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Les deux disciples courent à leur tour, vérifier ce que leur a rapporté Marie-Madeleine.  C’est vrai le tombeau est bien vide, constate Pierre, perplexe. Mais l’autre disciple, qui entre après, il vit et il cru, nous dit l’évangile, il a vu et il a cru que, d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

L’autre disciple, l’apôtre Jean, l’évangéliste qui a écrit ce récit, s’est arrêté. Il nous faut en faire autant, prendre le temps de la contemplation. Prendre le temps, avec vous chères moniales du Carmel, de comprendre dans la méditation, la prière, le temps de comprendre avec le cœur. Ne pas dire trop vite « il est ressuscité. » Ce que n’a pas fait non plus Marie-Madeleine. Témoins du ressuscité pour le monde d’aujourd’hui, ne l’êtes-vous pas depuis 75 ans ici, vous qui, votre vie durant, recherchez les réalités d’en-haut, tout en vous préoccupant également de celles de la terre. Femmes qui avez choisi de donner toute votre vie pour reconnaître, aimer et annoncer le Christ ressuscité au cœur d’une société souvent indifférente. Vous êtes un haut lieu de ressourcement pour ceux qui sont plongés dans le monde, et qui sont appelés, eux aussi, à être des témoins de celui qui est sorti vivant du tombeau.

Etre témoins du Ressuscité dans et pour le monde. Ne faut-il pas revisiter ce qu’il a vécu. Son amour pour les petits, les pauvres, les enfants, les malades, les pécheurs. Au nom de cet amour, sa grande liberté devant ceux qui finalement l’ont condamné à cette  mort ignoble sur la croix. Les témoins de la Résurrection que nous sommes appelés à être, comment seront-ils crédibles, sinon en vivant ce même amour, concrètement, dans notre société. Dire que l’on croit qu’il est ressuscité, c’est s’engager à aimer jusqu’au bout, comme lui. Ce sont les plus faibles, les plus démunis, abandonnés, auprès des quels nous renvoie notre mission de témoin. Peut-être, l’un ou l’autre de ces 7 à 800 000 pauvres de notre pays qui vivent d’angoissantes fins de mois, ces chômeurs par milliers, qui en ce mois d’avril, et ces mois prochains, perdront le droit à leur indemnité, ne sachant trop de quoi ils vont vivre. Ne les laissons pas tomber ! Tout comme ces réfugiés ou requérants d’asile qui désespèrent trouver une terre hospitalière. Le Ressuscité, juste avant son Ascension, envoie ses disciples jusqu’aux extrémités de la terre annoncer la Bonne Nouvelle du salut : comment, aujourd’hui, allons-nous soutenir l’espérance de ces populations criant leur soif de justice et de liberté au risque de leur vie ? Pouvons-nous proclamer notre foi en la Résurrection sans prendre notre part afin de remettre debout tous les courbés de notre terre. Commençons peut-être par celui qui nous est proche, notre voisin et par chacun de nous en mettant toute notre confiance en Celui qui est la Résurrection et la vie. Amen.

 

 

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