Messe de la Pentecôte


Abbé Nicolas Glasson, église Saint-Laurent, Charmey, FR, le 30 mai 2004
Lectures bibliques : Actes 2, 1-11; Jean 14, 15-26 – Année C

Chers frères et sœurs,

L’Esprit Saint, cet inconnu ! c’est le titre d’un ouvrage (L’Esprit Saint, cet inconnu, par R. Laurentin) qui tente de réparer l’oubli dont fut trop souvent victime l’Esprit dans la réflexion théologique. « L’Esprit Saint, cet inconnu » ! c’est peut-être aussi le constat que feraient beaucoup parmi nous à la question : «Qui est cet Esprit que le Christ promit à ses disciples et qui descendit du ciel à grand bruit au matin de la Pentecôte ?»

L’Esprit Saint n’est pourtant pas un inconnu pour le lecteur des Evangiles. Il y apparaît plusieurs fois : lors de l’annonciation, au Baptême du Christ, à la Transfiguration ; l’Esprit Saint accompagne le Christ dans son ministère, c’est en lui que le Christ exulte de joie avant qu’il ne le donne à tous ceux qui sont appelés à partager cette joie divine.

L’Esprit Saint, c’est d’abord l’Esprit du Christ. On peut « résumer » son œuvre en lui attribuant deux actions :

D’abord, au jour de l’Annonciation. « C’est par l’Esprit Saint que Jésus a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ».

Ensuite, parce qu’il façonne le corps de Jésus Christ, l’Esprit est aussi l’auteur de tout ce qui fait l’intériorité du Christ : son désir de guérir les cœurs et les corps de notre humanité blessée, l’amour qui surabonde du cœur du Christ pour venir se déverser dans celui des hommes. L’Evangile nous dit que le Christ était « rempli de grâce et de vérité » : l’Esprit Saint manifeste qu’il est l’auteur de cet amour du Christ lorsque nous le voyons fondre sur Jésus lors du Baptême dans le Jourdain.

Mais dès la Pentecôte, l’Esprit du Christ devient aussi l’Esprit de l’Eglise et l’Esprit des chrétiens. Nous l’avons entendu dans l’Evangile : l’Esprit Saint poursuit et accomplit l’œuvre du Christ aujourd’hui. On peut là aussi « résumer » son action en distinguant son double rôle :

On peut d’abord souligner le rôle de l’Esprit sur les croyants : à la Pentecôte – et jusqu’à la fin du monde – l’Esprit Saint donne aux croyants tout ce que le cœur de Jésus Christ contenait d’amour et de vie divine – c’est ce que nous appelons « la grâce » – : en effet l’Esprit Saint prend « quelque chose » de l’être du Christ pour nous le donner, pour faire de nous des frères et des sœurs de Jésus Christ.

En agissant sur les personnes, l’Esprit exerce un autre rôle : il continue de façonner un corps au Christ : ce n’est plus un corps de chair, mais c’est un corps spirituel, c’est l’Eglise, le corps mystique du Christ, le corps composé des membres que sont tous les croyants dans leur riche diversité. Les membres de la communauté chrétienne sont nombreux et différents, et pourtant tous sont traversés d’une même vie : « ce que l’âme est au corps de l’homme, disait saint Augustin, l’Esprit l’est au corps du Christ qui est l’Eglise ».(Saint Augustin)

Source d’unité entre le Père et le Fils dans la Trinité, entre l’humanité et la divinité dans le Christ, l’Esprit Saint nous communique l’être et la vie du Christ et nous rassemble dans l’unité d’un même corps.

Ce corps est celui que le Christ offrit sur le bois de la croix et que Dieu transfigura en corps glorieux ; c’est le corps eucharistique auquel nous communions – avec lequel nous devenons un -, ce corps eucharistique que nous sommes tous appelés à devenir, car là où l’Esprit est reçu, le Christ rassemble les hommes dans l’unité par les liens de l’amour (Rm. 12) : c’est l’expérience de la Pentecôte. Que tous soient un ! Ut sint unum ! C’est le nom de la partition de la messe chantée aujourd’hui : une partition qui rassemble une multitude de voix dans l’unité d’un même chœur.

Que tous soient un ! C’est la prière du Christ qui nous envoie son Esprit pour que l’homme soit en Dieu (Jn 17,20), pour qu’il marche au pas de Dieu, qu’il se laisse transfigurer et que la communauté humaine devienne Eucharistie. Que tous soient un ! C’est aussi notre prière insistante pour que l’Esprit vienne renouveler en nous cette unité surnaturelle.

Chers frères et sœurs, appelons avec foi la venue de l’Esprit dans nos cœurs ! C’est lui, parce qu’il est principe d’unité, qui peut faire toutes choses nouvelles et transfigurer nos communautés chrétiennes pour qu’elles soient à nouveau capables de se donner les familles croyantes, les religieux – religieuses et les prêtres dont elles ont besoin ; c’est lui qui, par le Christ, peut redonner à l’Eglise de l’Europe une figure jeune et souriante, expression du foyer d’amour qui embrase le cœur des chrétiens.

Viens Esprit Saint, éclaire le cœur de tes fidèles et allume en nous le feu de ton amour !

Amen.

 

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