Messe de la Pentecôte

 

Père Jean-Claude Pariat, spiritain, au monastère de la Visitation, Fribourg, le 31 mai 2009
Lectures bibliques : Actes 2, 1-11; 1 Corinthiens 12, 3-13; Jean 20, 19-23 – Année B


Frères, sœurs,

Heureuse crise ! La crise sociale que nous traversons est une crise spirituelle. Elle réveille une longue léthargie spirituelle. De plus en plus, nos contemporains expriment leur soif de vie spirituelle. Ils deviennent des quêteurs d’un renouveau spirituel, des chercheurs de spiritualités, des ‘guetteurs de l’Esprit’.

Comme le Christ Ressuscité le fit pour ses disciples, il nous rassemble aujourd’hui pour célébrer la Pentecôte, l’achèvement de Pâques par le don de l’Esprit-Saint. Pâques, Pentecôte, deux fêtes liées sans confusion, ni exclusion ; elles sont constitutives du peuple d’Israël pour les juifs et de l’Eglise universelle, Corps du Christ pour les chrétiens. La Pentecôte juive célèbre la fondation du peuple choisi lors de l’Alliance du Sinaï. La Pentecôte chrétienne célèbre la naissance de l’Eglise, peuple de l’Alliance nouvelle, peuple de Dieu ouvrant son héritage pour le bien de toute l’humanité.

50 jours séparent les deux fêtes.
50 jours, un temps de rassemblement. Jésus ressuscité rassemble ses disciples au Cénacle et les prépare à recevoir le don de l’Esprit.


50 jours, pour inaugurer dans le monde des nations, des langues et des cultures la venue du Règne de Dieu.

A Pentecôte est né le Peuple de l’Alliance nouvelle. L’Esprit-Saint est à l’œuvre. Oeuvre créatrice d’une humanité nouvelle. Œuvre qui nous recrée individuellement.  Par son action, il n’est plus possible de vivre pour soi-même, de rester chez soi, dans la dispersion, sans tenir compte de son prochain. L’Esprit-Saint nous renouvelle en confirmant sans cesse les grâces reçues lors de notre baptême.

Comme lieu de rassemblement au nom de Jésus ressuscité et lieu d’accueil de l’Esprit, les cénacles contemporains sont variés. J’en donnerai deux témoignages.

Ce moi-ci, Benoît XVI a vécu un pèlerinage et une visite pastorale en Jordanie, en Israël et en Palestine. Discours, célébrations et événements furent nombreux. Un événement retint plus particulièrement de nombreux témoins qui l’ont vécu. Jeudi 14 mai, le Pape salua les chefs religieux de Galilée à l’auditorium du Sanctuaire de l’Annonciation à Nazareth. Sur la scène d’une salle, Benoît XVI est entouré à sa droite par un rabbin et à sa gauche par un Imam druze, et autour d’eux d’une quinzaine de responsables religieux. Sur le parterre, 150 à 200 personnes, peut-être plus, des différentes traditions religieuses : juive, musulmane, druze, chrétienne. Au cours des échanges, un rabbin invite l’assemblée à prier pour la paix. Proche d’un micro, son regard tourné vers Benoît XVI, il chante la paix en arabe, en hébreux, en anglais, en allemand et en latin : Salam, Shalom, Peace, Friede, Pace. Mélopée litanique pleine de foi et d’espérance qui dura plus de trois minutes. (Chant JCP). Tous sont touchés par la paix du cœur qui leur est donnée. La Paix, un don de l’Esprit !  Benoît XVI se lève et offre sa main au Rabbin puis à l’Imam ; leurs proches se lèvent aussi et joignent leurs mains ; puis tous, ensemble, ils élèvent leurs mains jointes vers le ciel communiant ainsi au chant du rabbin. Le lieu devient semblable à un cénacle en effervescence comme si un bruit et un feu de Pentecôte l’avait rempli : regard et prière chantée du rabbin, geste initial du Pape, détente, le toucher des mains, et rayonnement des visages. Dans la salle, tous se lèvent et se donnent aussi la main – sauf ceux qui ont tiré leur appareil de photos pour immortaliser cet instant de paix, ce don de pentecôte pour la paix du monde. 

Autre témoignage. Il m’a été donné de rencontrer une fille de 12 ans et sa famille. La musculature de son corps s’atrophie. Elle nous est présente et nous parle par ses émotions et son regard. Regard nous communiquant les douleurs de son corps, les angoisses de son âme, certes ; mais aussi et avec combien de force, ses attentions, les joies et les moments de paix de son esprit, le don de son affection.  Là aussi, dans un lieu de vie familiale, l’Esprit crée un cénacle effervescent.

Il souffle où il veut, quand il veut, par qui il veut.  Il ne connaît pas de frontières. Aucun lieu ne lui est étranger. Non visible, l’Esprit-Saint le devient par le dialogue des regards, par l’accueil de gestes spontanés de communion, par la participation à une prière commune, par un dialogue qui ne passe plus seulement par les mots mais aussi par les regards, les gestes et les émotions.

L’Esprit-Saint réveille notre quête spirituelle. Il nous offre ses dons : sagesse, conseil et intelligence, force et connaissance, crainte et amour
filial
. Sans privilèges pour les uns, ni parcimonie pour les autres. Il nous initie à vivre différemment notre écoute de la Parole de Dieu, à célébrer différemment nos rassemblements liturgiques, à prier différemment la louange, l’action de grâce ou la demande, à regarder différemment notre prochain. Par Lui, notre présence aux autres et notre présence à Dieu changent. Par son action, nous devenons témoin de ses dons.

Laissons l’Esprit-Saint remplir notre cœur de sa présence agissante. Laissons-le nous recréer en son Amour vainqueur de nos obscurités. Laissons-le guider nos débats intérieurs et nos choix. Par Lui, pratiquons davantage les béatitudes de miséricorde, de justice et de paix. Alors, notre regard irradié de ses dons pourra atteindre les assoiffés d’un renouveau spirituel.

L’Esprit-Saint nous fait vivre ! Laissons-le nous conduire.
Amen !

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *