Messe de la Pentecôte

 

Abbé François Dupraz, le 11 mai 2008, à la basilique Notre-Dame, Lausanne
Lectures bibliques :
Actes des Apôtres 2, 1-11 ;
1 Corinthiens 12, 3b-7.12-13 ; Jean 20, 19-23 – Année A

Un « Feu » sur l’Eglise…

En ce jour de Pentecôte, nous revivons l’événement de la descente de l’Esprit Saint sur Marie et les apôtres réunis au Cénacle. C’est un événement spectaculaire: violent coup de vent, langues de feu, parler en langues, gens de tous pays qui comprennent ce que proclament les disciples… Oui, vraiment, il y eut un « avant » et un « après ». Le feu de l’Esprit opéra dans le coeur des disciples un réel miracle: Paralysés et craintifs qu’ils étaient, les voici désormais propulsés sur les chemins du monde comme autant de témoins enflammés, courageux, enthousiastes, lumineux, du Christ Ressuscité.

D’aucuns seront tentés de dire : « Ils étaient bien chanceux les apôtres… Ils étaient bien chanceux… Si au moins on pouvait recevoir un tel feu… On en aurait bien besoin…»
Il est vrai que l’Eglise d’aujourd’hui a besoin d’une effusion renouvelée de l’Esprit Saint. Or ce feu, qui lança l’Eglise naissante sur les chemins du monde voici plus de 2000 ans, toujours de nos jours aspire à se répandre sur l’Eglise. Il trouve même une joie dans la mesure du don qu’il communique. « Si tu savais le don de Dieu » dit le Christ à la Samaritaine ; « Si tu savais le don de Dieu ».
Le savons-nous, nous autres, en ce jour de Pentecôte, le don de Dieu ? Le savons-nous vraiment, personnellement, intimement, au plus profond de nous-mêmes, ce Feu, ce Souffle, cet Esprit, cet Amour… Dieu Lui-même ?
Pas d’Eglise sans Esprit Saint qui l’anime de l’intérieur… Pas d’Eglise sans Esprit Saint qui souffle en son sein. Pas d’Eglise sans cet événement fondamental qu’est la Pentecôte. « Si tu savais le don de Dieu ! »
Que faire pour « mériter » un tel don? Aucun effort humain n’est à même de nous « mériter » le don de Dieu. Dieu ne se mérite pas ; Il se reçoit comme se reçoit le plus beau de tous les cadeaux : dans la gratuité, l’action de grâce, la liberté, l’amour, car avec Dieu, tout est don, grâce et amour.

Cependant, s’il est un petit pas qui nous est demandé en ce jour de Pentecôte – ici à Notre Dame ou chez vous chers auditeurs – c’est un pas de bonne volonté qui est aussi un pas d’ouverture : ouvrir les portes de nos cœurs au souffle de l’Esprit.
Autrement dit, avoir soif, désirer, demander, supplier et nous préparer à recevoir au plus intime de nous-même le don de Dieu, l’Esprit Saint.
Il nous revient d’ouvrir les portes de nos cœurs, oui, car si Dieu cherche de toujours à toujours à nous emplir de sa Présence, s’Il jaillit toujours de Lui-même – « source assoiffée d’être bue » – Il respecte aussi, toujours – parce qu’Il est Amour – la liberté de ses créatures.
Certaines blessures anciennes, le souvenir ou la récurrence de nos péchés, une culpabilité malsaine, la crainte, la mésestime de nous-mêmes, les attachements désordonnés, l’orgueil, que sais-je ? Voilà autant d’obstacles sur le chemin de l’ouverture libre, consciente, joyeuse de nos cœurs au « souffle » du Dieu Amour.
Pourtant n’ayons pas peur ! N’ayons pas peur ce jour d’ouvrir nos cœurs à l’Amour qui vient ! C’est dans la mesure où nous accueillons le feu de  l’Amour au cœur même de nos pauvretés, de nos misères, de nos péchés, que celui-ci purifie, consume et  brûle.
Purificatrice, la flamme de la divine Miséricorde s’engouffre au plus profond de nos pauvretés reconnues, accueillies, assumées, acceptées et offertes – dans un acte de foi qui se fait confiance filiale – au feu de « l’Amour-feu » du Père de toute Miséricorde.

« Je suis venu allumer un grand feu sur la terre et comme il me tarde qu’il ne soit déjà allumé » dit un jour le Christ. Qu’en est-il de nous ? Nous tarde-t-il que le « feu » de l’Esprit soit allumé en nous ?

« Si je ne brûlais pas, pensez-vous que je puisse chanter ? » dit un jour Edith Piaf. Dans les vents contraires qui sont nôtres, nous chrétiens du XXIe siècle, si nous  ne « brûlons » pas au feu de l’Esprit, nous ne pourrons pas évangéliser le IIIe millénaire naissant. Dans la grâce d’une nouvelle Pentecôte, déjà commencée en vérité, l’Eglise de demain sera spirituelle ou elle ne sera pas.
Mais elle sera. Elle sera car Dieu, aujourd’hui comme hier, a soif de répandre son Esprit sur cette humanité en quête éperdue de chemin, de vérité, de vie, de sens, de plénitude, pour le dire en 2 mots cette humanité en quête du Christ.
Aussi s’agit-il pour nous chrétiens, en cette fête de Pentecôte, de nous ouvrir au feu de l’Esprit. Nous ouvrir tels que nous sommes, comme la bûche s’ouvre telle qu’elle est à la flamme qui l’enflamme et la consume.
L’Adoration eucharistique, vécue au quotidien en cette basilique est à même de creuser en nos cœurs un désir… un désir comme un appel à l’Esprit: « Viens Esprit Saint ! Viens en nos cœurs !

 

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