Messe de la fête du Christ Roi de l’univers

 


Chanoine Olivier Roduit , le 25 novembre 2007, à l’abbaye de Saint-Maurice
Lectures bibliques :
2 Samuel 5, 1-3; Colossiens 1, 12-20; Luc 23, 35-43 – Année C

Chers frères et sœurs, chers amis, d’ici et d’ailleurs,

Fichée sur un promontoire en dessus de Lens, l’immense statue du Christ-Roi est bien visible depuis une bonne partie de la plaine du Rhône. Et que dire de celle, immense, qui domine la ville de Rio de Janeiro !

Ces monuments ont été construits dans les années 1930, peu après l’institution de la fête du Christ Roi de l’Univers. Le pape Pie XI avait proclamé cette solennité lors de l’Année sainte 1925. Il l’avait voulue comme une arme spirituelle contre les forces de destruction à l’œuvre dans le monde, forces qu’il identifiait avec la montée de l’athéisme et de la sécularisation.

Quelle est donc l’actualité de cette fête qui nous paraît quelque peu surannée, alors que ce sont bien les évangiles qui nous montrent le Christ Roi ?

Fêter le Christ-Roi, c’est fêter encore et toujours celui dont l’inédit cérémonial d’investiture passera par la passion et la mort sur la croix, entre deux malfaiteurs. Des événements graves, mais qui nous poussent à la joie profonde du salut, ouvert par la résurrection glorieuse du Christ.

Quelle joie quand on m’a dit : Nous irons à la maison du Seigneur ! Oh oui, qu’il a raison, le psalmiste, de se réjouir et de nous inviter à nous approcher de Jérusalem !
C’est là le siège du droit, le siège de la maison de David,
Appelez le bonheur sur Jérusalem : « Que la paix règne dans tes murs ! »

Une des mosaïques de notre baptistère montre justement la Jérusalem céleste, d’où coule un magnifique fleuve d’eau vive et où triomphe l’Agneau immolé, cet agneau que nous avons chanté dans l’Introït latin : Dignus est Agnus, qui occisus est

Oui, quel splendide chant de louange, que celui qui court au travers du livre de l’apocalypse ! Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance, divinité, sagesse, force et honneur ! A lui, gloire et puissance dans les siècles des siècles !

Ainsi donc, tout a son aboutissement en Christ ! Nous le savons, nous le proclamons, nous le croyons ! Mais est-ce vraiment vrai pour nous ? Et j’en tremble de me poser, de vous poser, cette question.
Le Christ est-il le roi de notre cœur et de notre vie ?

L’évangile d’aujourd’hui montre une gradation dramatique dans l’opposition à Jésus. « Le peuple le regardait… les chefs ricanaient… les soldats se moquaient de lui… un des malfaiteurs l’injuriait… »

Ne sommes-nous pas tentés de nous laisser entraîner dans ce jeu de l’opposition au Christ ? tentés de succomber aux sirènes de ces idoles contemporaines si séduisantes ?
Cet homme, sur la croix, est-il vraiment le Roi de l’univers, est-il notre roi ?

Et s’il l’est, qu’est-ce que cela signifie concrètement pour toi,

pour toi la mère de famille au milieu de tes petits enfants bruyants et turbulents, avec tous tes soucis d’organisation avec ton ménage et tes aspirations personnelles ?

et pour toi, le papa surchargé de travail, ou peut-être au chômage, qui a de la préoccupation pour tes enfants qui grandissent et que tu ne vois pas assez ?

– Comment le Christ est-il le roi de ta vie, à toi l’adolescente, à toi le jeune homme confrontés aux préoccupations de l’école, mais aussi aux copains et aux copines ? Toi qui as peut-être fait la fête toute la nuit ?

– Et pour toi, le croyant non pratiquant qui m’entend peut-être par hasard ce matin à la radio ?

-Et pour toi la grand-mère, le grand-père entouré de tes petits-enfants ?

– Ou encore pour toi, le malade, le handicapé, le vieillard qui dépend entièrement des autres ? et pour toi, le prisonnier, l’isolé, encore pour toi la religieuse, le religieux ou le prêtre ?

Le Christ est-il le roi de ta vie, le roi de tous tes instants ?

Peut-être hésitons-nous à répondre franchement et honnêtement par l’affirmative à cette question brutale, mais vitale.

Mais ne désespérons pas, réjouissons-nous plutôt de la tendresse du Christ pour nous. Tous, membres de son Corps qu’est l’Eglise, nous sommes en chemin vers la glorification qui passe par la Croix et la Résurrection.
Lisons jusqu’au bout l’évangile. Quelle formidable espérance ne nous est-elle pas manifestée par l’exemple du bon larron !

Alors que pour ce malfaiteur tout semblait définitivement perdu, voilà qu’il a l’audace d’interpeller Jésus, avec confiance, et par son prénom : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. » Au cœur de la déréliction s’effectue alors un nouveau surgissement : le regard du Christ se pose sur lui, et jaillit cette parole sublime : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Avec moi : donc, avec celui qui va anéantir la mort et transfigurer le monde.

A toi donc qui m’écoutes et qui te poses des questions, qui t’es peut-être senti dérangé par mes interpellations, je ne te propose qu’une solution. Confronté aux difficultés de la vie, aux questions insurmontables et aux doutes, commence par te prosterner devant le Roi de l’Univers, va te mettre à genoux devant lui, va l’adorer pour lui faire une petite – ou une grande – place dans ta vie. Sa lumière de vie éternelle illuminera et transfigurera toute ton existence !

Oh ! il n’y a pas là un remède miracle à toutes tes difficultés, mais tu trouveras dans l’adoration la certitude de cette présence qui ouvre à l’invisible !

Ose donc adorer et interpeller ton Dieu, il te comblera au-delà de toute espérance !

Amen, alléluia !

 

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