Messe de la fête du Christ, Roi de l’univers

 

 

Abbé Jean-Robert Allaz, à la basilique Notre-Dame à Lausanne, le 20 novembre 2005
Lectures bibliques : Ezékiel 34, 11-17; 1 Corinthiens 15, 20-28; Matthieu 25, 31-46 – Année A

Mes frères, mes sœurs et mes amis,

L’Evangile de ce dimanche, lu par notre diacre Augustin, s’inscrit dans le prolongement de la fête de la Toussaint, où dans sa vision apocalyptique, l’apôtre St Jean nous parlait de« celle foule immense qui s’avançait et que nul ne pouvait dénombrer… ». Où pouvait-elle bien se diriger si ce n’est dans le Royaume des Cieux, devant le Roi de gloire, le Seigneur? Et quel accueil; « venez les bénis de mon Père… ». Dès lors, le ton est donné pour comprendre le sens de cette fête du Christ Roi.

D’abord, de quel royaume s’agit-il? Il ne ressemble pas à l’image que nous avons des rois et des reines sur la terre, pas de paillettes, de carrosses, de pages, de princesses aux allures de poupées barbies, de salles de trésors aux systèmes de sécurité sophistiqués, et j’en passe…Lors de son procès, Jésus répondra à Pilate qui l’interroge et lui demande « Tu es Roi »? – « C’est toi qui le dis, ajoutant, mon Royaume n’est pas de ce monde… » Qu’en est-il donc vraiment de ce Royaume pas comme les autres?

Il est frappant de constater dans I’Evangile l’insistance avec laquelle Jésus nous parle de ce Royaume et veut tout faire, pour que nous y parvenions. «Tu n’es pas loin du Royaume » dira-t-il parfois admiratif. Que de paraboles à ce sujet, que de comparaisons avec des situations de vie et des circonstances les plus diverses; il est très souvent comparé à une fête avec tout ce qui en fait partie, des préparatifs, à la tenue, à la place, jusqu’au bon déroulement; il est aussi organisé autour d’un repas, préfigurant alors celui de la Ste Cène et celui de I’Eucharistie célébrée ici à l’autel ce matin.

Contrairement aux habitudes de notre terre, pas de rares privilégiés fortunés ou de places contingentées, tout un chacun est invité, riche ou pauvre, bien-portant ou estropié, car «… il y a beaucoup de place dans la maison de mon Père… », nous fait encore découvrir le Christ. Il se veut rassurant, par rapport à nos questions, nos préoccupations, nos angoisses et nos doutes, « Ne soyez pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance, vous croyez en Dieu croyez aussi en moi »… Voilà un précieux réconfort, en ce mois de novembre, ou dès le deux, nous avons intensifié nos prières pour nos défunts dans la communion des saints et dans une foi accrue en la Résurrection.

Ce n’est pas seulement un mot de passe qui est nécessaire pour entrer dans ce Royaume – qui a pour nom amour – mais, bien plus, un esprit et une attitude, le témoignage de toute notre vie. « Tous ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait… » nous rappellera ce Roi de Gloire à notre arrivée dans le Royaume des Cieux, le Paradis, comme nous l’appelons plus communément. Il fera avec nous le bilan de nos vies, cherchant et mettant en valeur tout l’amour partagé avec les malheureux, dans les situations les plus diverses; pas de tricherie possible avec un Dieu qui sonde les reins et les cœurs ! « A ce signe, on reconnaîtra si vous êtes mes disciples…

« Cette page d’Evangile nous donne des pistes pour la vie quotidienne des chrétiens, mais il est encore une autre page indispensable à méditer, celle des Béatitudes. Et le point de départ vers le Royaume des Cieux, c’est la première: heureux les Pauvres de cœur, le Royaume des Cieux est à eux!

En chemin, ne perdons jamais le Christ, Il nous tend la main, Il nous appelle, Il nous secoue, Il nous invite à aller toujours de l’avant, nous propose même de venir à Lui, lorsque nous ployons sous le poids du fardeau de nos vies, Il nous apprend l’amour du prochain qui passe par le service. Au soir du Jeudi-Saint, Il a lui-même lavé les pieds des apôtres, Lui le « roi de Gloire et d’Humilité ». Dans une de ses nombreuses prières à son Père, Jésus se présente le serviteur fidèle, promettat d’amener dans le Royaume, tous ceux qui lui ont été confiés. Il est le nouvel Adam, qui a réconcilié l’humanité avec Dieu, rappelle saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens. C’est donc avec Lui que nous entrerons, peut-être pas en tête du cortège, à côté de Marie, des apôtres et des grands saints, mais nous serons à ce grand rendez-vous de la Vie Eternelle; c’est bien là, l’essentiel. Nos noms sont d’ailleurs inscrits dans les Cieux, nous a garanti le Christ.

Cette fête du Christ-Roi est pour son Eglise celle d’une immense joie et d’une immense espérance. A part quelques personnes dans une extrême détresse physique ou morale qui attendent impatiemment l’entrée au paradis, la plupart d’entre-nous, fidèles dans la basilique ou auditeurs, ne sommes pas nécessairement pressés de quitter ce monde. Mais tout de même, quel bonheur intense, lorsque nous serons accueillis un jour par ces mots « Venez les bénis de mon Père »

Amen.

 

 

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