Messe de la fête du Baptême du Seigneur

 

Abbé Jean-Michel Moix, à l’aumônerie de l’Hôpital de Sion, le 13 janvier 2002

Lectures bibliques : Isaïe 42, 1-7; Matthieu 3, 13-17

Chers amis,
Comme il est étonnant de voir Jésus s’avancer vers Jean-Baptiste pour recevoir le baptême. Mais ne nous méprenons pas sur le sens de la démarche de Jésus. Jean, le cousin de Jésus, ne baptisait pas dans l’Esprit-Saint. Il ne conférait pas le baptême chrétien. Tout homme qui s’avançait vers Jean pour recevoir le baptême manifestait la ferme volonté de se convertir. Jésus, le Saint des Saints, n’a donc pas besoin de se purifier d’un quelconque péché ou de se convertir. De par l’union hypostatique de sa nature humaine à sa nature divine de Verbe de Dieu, Jésus, en tant qu’homme est déjà sanctifié, divinisé. Seulement ici, en se plongeant dans l’eau du Jourdain, Jésus accomplit la volonté aimante du Père. Jésus, l’innocent, l’immaculé, prend sur lui le péché des hommes. Après 30 ans de vie dite « cachée », passée en majeure partie dans une bourgade de Galilée, Jésus inaugure désormais sa vie apostolique. Alors que Jésus est connu surtout pour être le fils de Joseph, l’Esprit-Saint vient à présent attester, sous la forme d’une colombe qu’Il est Dieu. L’Esprit Saint le confirme de par son onction, dans sa mission de sauver et de racheter tous les hommes.

L’évangéliste saint Matthieu décrit la scène en écrivant : … voici que les cieux s’ouvrirent, et (Jésus) vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Dès lors l’humanité entre dans une ère nouvelle. Depuis le péché originel d’Adam et d’Eve, les portes du ciel, si j’ose dire ainsi, s’étaient fermées pour toute l’humanité. A présent le ciel s’entrouvre au-dessus de Jésus comme pour signifier que la grâce surnaturelle, le don de l’Esprit Saint est de nouveau donné à l’humanité par le Christ pour que l’humanité soit purifiée de tout péché et puisse ainsi de nouveau accéder au Ciel.

Car le baptême du Christ évoque notre propre baptême. Rendons-nous compte, chers amis, chers malades, qu’en ayant été régénérés par l’eau du baptême, une recréation spirituelle s’est opérée en nous ?! De par le baptême, l’Esprit Saint est descendu, Il est venu en nous, Il nous a sanctifiés, Il nous a élevés à une dignité incomparable. Désormais nous sommes la demeure de l’Esprit-Saint (saint Paul dira le temple de l’Esprit-Saint). Et en nous faisant participer à la vie divine, nous sommes frères de Jésus-Christ et enfants adoptifs de Dieu le Père. Ainsi la parole que le Père adresse à Jésus, s’applique également à chacun d’entre nous. A toi qui nous écoutes sur les ondes de la radio, comme à toi qui es malade sur un lit d’hôpital, Dieu le Père te redit aujourd’hui avec un amour inlassable : Tu es mon fils bien-aimé, tu es ma fille bien-aimée, en toi j’ai mis tout mon amour !

Est-ce que nous mesurons, chers amis, la portée de cette merveilleuse parole. Croyons-nous que Dieu nous aime ? En un siècle où presque tout s’achète, pensons-nous aussi pouvoir conquérir l’amour de Dieu par notre prière ou par nos bonnes actions ? Non, ce serait une illusion que de penser cela! Car l’amour de Dieu est gratuit. L’amour infini de Dieu n’aspire qu’à une chose : à se répandre en nous, pourvu que nous lui en donnions la permission, pourvu que nous croyons à la parole que le Père nous souffle aujourd’hui : Tu es mon fils bien-aimé, tu es ma fille bien-aimée en qui j’ai mis tout mon amour.

C’est dans notre adhésion à l’Amour de Dieu que se situe le cœur de notre foi. Et depuis près de 2000 ans, l’Amour de Dieu a un nom et un visage : Jésus. Celui qu’Isaïe a annoncé pour être la lumière des nations, pour faire sortir les captifs de leur prison. Celui dont témoigne l’apôtre Pierre et qui a guéri tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Celui que Jean-Baptiste a désigné en disant : voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde…

Hélas notre monde connaît une dangereuse tentation. Le Père Marie-Dominique Philippe dit à ce sujet : « Actuellement, le démon essaie de faire croire à l’homme qu’il peut se sauver (par lui-même) et qu’il n’a plus besoin du Christ. Lors de la première venue du Christ, il n’y a plus de place pour lui à Bethléhem. Maintenant, c’est plus grave, car il n’y a plus de place pour le Christ en tant que Sauveur. » « C’est terrible – ajoute le Père Marie-Dominique, – parce que l’homme ne s’avoue plus pécheur, et donc il ne peut plus recevoir la miséricorde de l’Esprit Saint et du Christ. »

Comme c’est étrange : quand nous nous sentons bien malades, nous nous empressons normalement de recourir au service d’un médecin ou d’un pharmacien. Mais quand notre âme est blessée, affaiblie par le péché, avons-nous encore la même hâte à nous tourner vers Jésus ?

Il est quelqu’un en qui nous pouvons sans doute nous reconnaître : c’est le bon larron : il se sait pécheur. Mais au milieu même de son péché, il rencontre, dans un élan de foi, Jésus, Dieu qui l’aime. Demandons au bon larron que cette foi qui l’animait aux côtés de Jésus en croix nous habite également en ce jour.

En conclusion, voici cette scène, mise en poème par le Père André Daigneault :

Il était là perdu, criant dans la nuit noire
Il était là plus nu qu’un pauvre ver de terre
Il avait tant cherché l’Amour durant sa vie
Il avait tant erré au fond des longs déserts.

Il n’avait rien, plus rien qu’un cœur d’enfant meurtri
Il avait tout perdu et son nom et sa vie
Il n’avait rien, plus rien que ses péchés noircis
Il avait tant cherché l’Amour durant sa vie.

Et voilà qu’à la fin tout près de l’agonie
Il regarda l’Agneau de Tendresse percé
Et entrant dans ses Plaies comme un enfant blotti
Il reconnut d’un coup son Père Bien-Aimé.

 

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