Messe de la fête de l’Ascension


Abbé Jean-Robert Allaz , le 1er mai 2008, à la basilique Notre-Dame, Lausanne
Lectures bibliques : Actes des Apôtres 1, 1-11 ; Ephésiens 1, 17-23;
Matthieu 28, 16-20 – Année A

Mes frères, mes sœurs, et mes amis,

«Pourquoi, restez-vous là, à regarder vers le ciel ?» disaient les deux hommes en blanc – des anges ? – aux disciples.
Plus qu’une question, je ressens là comme un reproche : n’est-il plus permis de rêver et de lever les yeux vers le Royaume des Cieux ?
Dimanche dernier, Jésus nous l’a promis : «… Je vais vous préparer une place, et là où je suis, vous y serez, aussi …» Dès lors, il est bien tentant de regarder vers le ciel et vers Celui qui s’y trouve. Et rêver à la place que nous aurons.

Dans la communion des saints, nous savons et nous croyons, que nous reverrons et retrouverons celles et ceux avec lesquels nous avons fait un bout de chemin sur cette terre : nos parents et nos proches, des collègues de travail, des amis de loisirs. Et de plus, nous rencontrerons les Saints, les vrais amis du Seigneur, les fidèles témoins de la foi et de l’amour. Ceux qui ont compris que le plus commandement de Jésus liait dans une similitude, l’amour de Dieu et celui du prochain. Enfin nous verrons les grandes figures de l’Ancien Testament, les rois et les prophètes, puis les apôtres et les disciples de Jésus, toutes celles et tous ceux qui assurent le calendrier journalier des Saints.
Parmi eux, nous découvrirons saint Joseph et nous comprendrons mieux le rôle de ce charpentier qui a permis à Marie, à travers son humilité et sa disponibilité, de réaliser son oui.
Au fait – clin d’œil de plus du Seigneur – c’est aujourd’hui sa fête – le 1er mai – lui, le patron des artisans et de tous ceux qui se préoccupent encore de la Pastorale du travail et de sa dignité : il y a quelques jours, des confirmands de Vallorbe me parlaient de leurs difficultés de jeunes apprentis dans des entreprises, et du monde dans lequel il faut apprendre à se battre… Ils ont un protecteur dans le Royaume des Cieux.
Nous verrons aussi Nicolas de Flüe – artisan de paix, saint authentique de notre pays, et sa tout aussi admirable épouse Dorothée… et puis dans le coin des modestes, l’humble couturière de Siviriez : Marguerite Bays, Mère Teresa, puis encore Bernadette de Lourdes, Padre Pio, le Père Maximilien Kolbe et l’abbé Pierre… Nous apprendrons d’eux comment aimer sur terre en vérité…
Je suis d’ailleurs conforté dans cette rêverie par la lettre de saint Paul aux Colossiens, lue au matin de Pâques : «Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez donc les réalités d’En Haut, c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu !»

Mais revenons sur terre. Il serait faux d’opposer le ciel et la terre, la vie du Royaume des cieux et celle de notre quotidien ici-bas.
Jésus savait que nous avions besoin de promesses, de signes, de certitudes, d’enseignements, mais il ne nous renvoie pas moins à notre rôle actuel, celui d’être témoins sur la terre. D’ailleurs, l’Evangile de cette fête ne nous présente pas un Jésus attristé – au moment de quitter les disciples – mais Celui qui confie une mission bien précise : «Allez donc… de toutes les nations faites des disciples… baptisez-les… apprenez-leur à garder les commandements…» Quelle confiance ! Quel dynamisme, il y a de quoi tirer les disciples – comme nous – de toute rêverie, de toute nostalgie ou de tout abattement.

Cette fête de l’Ascension est celle de la Confiance et de l’Espérance.
L’Eglise édifiée par Jésus va continuer de vivre, grâce aux pierres vivantes qui seront les disciples et toutes celles et ceux qui répondront à leurs appels, seront fidèles à leur enseignement, demanderont le baptême, puisant leur force dans l’Eucharistie. Et, nous disent les Actes des Apôtres, vivant dans la joie.

Le pape Benoît XVI a ordonné dimanche dernier 29 nouveaux prêtres qu’il a encouragés à être des semeurs de la «joie de l’Evangile» dans un monde souvent «triste et négatif».
Les prêtres sont appelés à apporter l’Evangile à tous «afin que tous fassent l’expérience de la joie du Christ» a dit Benoît XVI.
Et pour nous, ce matin, le Christ nous invite à «chercher les signes du Royaume», à découvrir ses traces dans la vie chrétienne. Rappelez-vous les paroles de ce chant bien connu : «Nous avons vu les pas de notre Dieu croiser les pas des hommes…» avec la question posée à la clé : «Reviendra t-il marcher sur nos chemins ? …»
Il reviendra, j’en suis sûr, je vous le rappelle, pour autant que nous ne restions pas à regarder vers le ciel dans une rêverie stérile ou dans la tristesse d’un départ définitif et incompréhensible.
Dans un instant, nous proclamerons notre foi par la prière du Credo et dirons avec force conviction : «je crois en l’Eglise, à la communion des Saints et à la Vie Eternelle».

La conclusion revient à ces deux hommes en blanc dont parle saint Luc dans les Actes des Apôtres : «Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière, que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.»

 

Ouf ! Nous sommes sauvés !
Alleluia !
Amen

 

 

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