Messe de la fête de la Sainte Trinité

 

Abbé Pascal Desthieux, à l’église de Villaz-St-Pierre (FR), le 22 mai 2005
Lectures bibliques : Exode 34, 4-9; 2 Corinthiens 13, 11-13; Jean 3, 16-18 – Année A

Frères et sœurs,

Nous vivons en ce jour une fête splendide, puisque c’est Dieu lui-même que nous fêtons, et nous contemplons son mystère, Lui, notre Dieu, qui est Père, Fils et Saint-Esprit.

Mais vous me direz peut-être que c’est un peu compliqué tout cela. Pourquoi faut-il que Dieu soit Père, Fils et Esprit Saint ? Est-ce que cela ne ferait pas trois dieux ?

On sonne à votre porte. Ce sont deux braves personnes qui viennent vous annoncer la Bonne Nouvelle. « Bien, entrez ». Mais ces personnes ne croient pas en la Trinité, ils ne croient pas que Jésus est Dieu, ni l’Esprit Saint, et ils vous interrogent :
« Comptez avec moi : Dieu le Père + Dieu le Fils + Dieu le Saint-Esprit, cela vous fait combien de Dieu ».

Un peu embarrassé, vous finissez par répondre : « ça fait trois ». Et ils vous démontrent, Bible à l’appui, qu’il n’y a bien sûr qu’un seul Dieu : « Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » (Dt 6, 4 repris en Mc 12,29) . Et ils ont raison. Et vous, vous commencez à douter : « Qu’est-ce qu’il me raconte mon curé ? »

Ils vous diront encore : « Trouvez-moi le mot Trinité dans la Bible ». Il est vrai que vous ne le trouverez pas. Mais cela ne signifie pas que la Trinité soit une invention des chrétiens.

Toute la Bible nous révèle un Dieu Trinité, et spécialement bien sûr les Évangiles et le Nouveau Testament. Nous avons entendu dans l’Évangile cette affirmation tellement forte : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » pour nous sauver (Jean 3, 16). Comment le Fils pourrait-il nous sauver s’il n’était qu’un homme comme les autres, s’il n’était pas Dieu ?

Il y a donc en Dieu une relation Père-Fils.

Jésus affirme très clairement qu’il est «sorti du Père », et qu’il retourne vers Lui (Jean 16,28). « Moi, ajoute-il, je dis ce que j’ai vu auprès de mon Père », (Jean 8, 38)
« Personne ne va au Père si ce n’est par moi », (Jean 14, 6)
« Le Père est en moi comme moi je suis dans le Père », (Jean 10, 38)
« Le Père et moi, nous sommes UN » (Jean 10, 30).
(Nous pourrions encore multiplier les citations dans ce sens.)

Et Jésus parle de l’Esprit Saint que le Père envoie en son nom (Jean 14, 26) comme d’une personne à part entière qui sera notre Défenseur (Jean 14, 26). C’est Lui l’Esprit de vérité (Jean 14, 17) qui vous enseignera ce qu’il faut dire (Luc 12,12) .

Maintenant que nous sommes un peu plus au clair sur la Trinité, surgit une deuxième question : cela change quoi, pour nous, de savoir que Dieu est Trinité.

Cela change tout, répondrait l’abbé Zundel, prêtre neuchâtelois, grand mystique, dont nous fêtons les 30 ans de la mort. Il va jusqu’à dire que la Trinité nous délivre d’un épouvantable cauchemar (!), celui d’un Dieu qui serait solitaire. En théologie, on apprend que Dieu est le « Beau en lui-même », le « Bien en lui-même », « le Vrai en lui-même ». Un tel Dieu solitaire, tel que l’on se l’imaginerait, ne pourrait passer son éternité qu’à se regarder lui-même, à se louer, à s’admirer, et à exiger de ses créatures qu’elles aussi le louent et l’admirent. Deux êtres qui commenceraient à s’aimer seraient comme en porte-à-faux d’un Dieu pharaonique qui se serait tourné que sur lui-même. Zundel d’ajouter : « Et voilà que, pour faire surgir en nous une liberté totale à l’égard de cet égoïsme, le Christ nous révèle la Trinité divine (Maurice Zundel, Un autre regard sur l’Eucharistie, Textes inédits présentés par Paul Debains, 2001, page 51).

Le grand joyau de l’Évangile ! Le grand secret d’amour ! La découverte la plus merveilleuse ! » La Trinité nous apprend que notre Dieu est famille, est communion. Que Dieu n’est pas tourné vers lui-même, mais vers l’Autre. Deux êtres qui commencent à s’aimer deviennent au contraire image d’un Dieu qui est Tout-Amour.

Puisque Dieu est Trinité, il n’y a, en Lui, aucun repli sur soi. Au contraire, le Père donne tout au Fils, qui lui-même s’offre entièrement en un grand élan d’Amour qui est l’Esprit Saint.

La Trinité nous apprend que Dieu n’est donc pas un Être qui nous surplombe, nous écrase et nous punit, mais un Dieu qui se donne éternellement, dont l’amour déborde, devient créateur et suscite ces créateurs qu’il veut que nous soyons.

Et l’élan créateur va aboutir en l’Eucharistie que nous allons célébrer. Car l’Eucharistie est bien l’action de toute la Trinité : c’est une pure offrande
du Père (qui donne son Fils),
du Fils (qui s’offre entièrement)
et de l’Esprit Saint (qui est l’unité du Père et du Fils dans laquelle s’accomplit cette offrande),
pour que nous devenions nous aussi pure offrande.

Que la Vierge Marie, qui a une relation toute particulière avec les Trois personnes de la Trinité, puisqu’elle est la Fille choisie par le Père, l’épouse de l’Esprit Saint qui a conçu en elle, et la mère du Christ, que Marie nous aide à vivre et accueillir cette messe comme un débordement d’amour de la sainte Trinité : Ils s’aiment tellement que leur amour déborde jusqu’à nous, jusqu’en ce don inouï du corps livré pour que nous ayons la vie.

 

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