Fête du Christ, Roi de l’univers

 

Chanoine Gabriel Ispérian,  Abbaye de Saint-Maurice, le 21 novembre 2010
Lectures bibliques :  2 Samuel  5, 1-3 ; Colossiens 1, 12-20; Luc 23,35-45 – Année C

 

Comprenons-le bien : la royauté universelle du Christ est dialogue ; elle n’est pas quelque chose d’extérieur.

  Elle travaille le monde entier et le cœur de tout être humain, comme nous le rappelle saint Paul dans son épître aux Colossiens.
En nous, la royauté du Christ se manifeste sous la forme d’un double désir et d’un accomplissement. Désir de l’homme traduisant souvent de façon maladroite un désir de Dieu; et accomplissement du désir de Dieu moyennant le libre consentement de l’homme.

A une époque de son histoire, Israël voulut – rejetant son Créateur et Seigneur – avoir un roi visible, ayant visage d’homme, tel qu’en avaient les nations avoisinantes. Et la plupart de ces rois furent souvent cause de graves infidélités. Cependant, cette attitude ingrate d’Israël, ce désir d’un roi à visage humain manifestait, de façon inconsciente et obscure, le désir même qui habitait le cœur de Dieu, désir d’incarner au temps voulu sa souveraineté absolue, universelle en un homme, en Jésus de Nazareth, son Fils unique, le descendant de David.
Par toute son existence, par sa manière d’être, d’agir, de réagir, par sa mort ignominieuse et sa résurrection, Jésus a clairement révélé ce qu’était la toute-puissante souveraineté de Dieu, et comment elle s’exerçait.

Pour faire connaître le mystère du dessein divin et le mystère de la vocation humaine, Jésus va et vient pauvrement, sur la terre de Palestine, il passe en faisant le bien, de façon humble mais avec autorité. Lui, le Seigneur et Maître, le Roi de l’univers, il endure la faim et la soif, la fatigue et la contestation souvent haineuse.
Les quelques miracles qu’il accomplit ont une valeur, une signification non point particulière et ponctuelle, mais bien plutôt universelle. Ces miracles manifestent la royauté bienveillante de Jésus qui s’étend à tout être, à travers les espaces et les temps.

Jamais nous ne savons ce qui se passe entre telle personne et le Christ Seigneur. Mais en vérité, il se passe toujours quelque chose, quelque chose de profond, de mystérieux dont la personne elle-même ne prend pas souvent conscience. Jésus exerce sa royauté universelle en se mettant au service de chaque être humain, qu’il soit saint ou grand pécheur, bien portant ou en proie à la souffrance. Car en chacun de nous, vit un désir fondamental, incoercible que nous interprétons et traduisons rarement de façon correcte ; mais ce désir est suscité en nous par le dessein de Dieu qui nous travaille comme il travaillait Israël voulant un roi.
C’et que tout homme aspire à un plus : à davantage de bonheur et de paix, à une véritable plénitude. Tout homme est constitutionnellement relié à Celui qui le crée et qui s’est fait homme. Oui, afin de répondre à cette aspiration, le roi éternel, pour nous, s’est fait esclave ; il vit notre propre vie pour que nous vivions de la sienne et que nous devenions d’authentiques êtres humains, ouverts à cette plénitude de vie, de paix et de bonheur qu’il est lui-même s’offrant à notre libre accueil.

L’évangile de ce jour présente Jésus crucifié, en une situation de total échec, moqué de tous. Et pourtant, à trois reprises, il est question de sa royauté. Dans la bouche des soldats : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ». Puis sur l’écriteau fixé à la croix : « Celui-ci est le roi des Juifs ». Enfin, dans la requête du bon larron : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». Luc nous invite ainsi à reconnaître, dans la foi, par delà l’échec apparent et les railleries, la royauté de Jésus. Il règne, oui, mais c’est en donnant sa vie par amour. La croix est son trône glorieux.

Que de ce roi, couronné d’épines, l’amour, la vie et la paix vous envahissent, vous apaisent, et vous consolent, chers malades, chers isolés, et vous tous chers frères et sœurs. Amen

 

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