Célébration oecuménique

au Centre hospitalier universitaire vaudois, Lausanne


Abbé André Schaerly, au CHUV, le 29 octobre 2000

Lectures bibliques : Jérémie 31, 7-9; Hébreux 5, 1-6; Marc 10, 46-52

Chers amis,
Aveugle et mendiant assis au bord de la route, Bartimée entendait certainement les pas innombrables de la foule qui marchait. Il écoutait les exclamations, les appels, le brouhaha.

Mais lui, Bartimée, restait au bord du chemin, immobile dans sa nuit, la main tendue vers quelque aumône. La foule passe à côté de lui, elle le contourne, pire, elle l’évite. Il dérange. Sa différence gêne, comme toute différence…
Lorsqu’il comprit que la foule accompagnait ce Jésus qui aimait les malades, les pauvres et même les pécheurs, « il se mit à crier » sa souffrance, son espérance et son désir de voir ! Il crie exactement ce qu’il fallait crier : « Fils de David, aie pitié de moi ! »On veut le faire taire, mais il crie de plus belle. Il n’avait que sa voix, une voix gutturale et déchirante, qui vibrait de toute la détresse de sa vie.

Il sait aussi que ce Jésus de Nazareth, c’est le Messie ! Il lui demande ce que des millions de priants demanderont après lui : « Prends pitié de moi! »
En fait, le chemin que nous ouvre cette page d’évangile que nous venons d’entendre est celui de la confiance.
Alors que tout le monde est là en train de s’en prendre à ce mendiant aveugle en l’accablant de reproches, Jésus au contraire, l’accueille.
Alors que tout le monde veut le chasser, Jésus, au contraire, l’appelle.
Alors que tout le monde veut le faire taire, Jésus lui donne la parole en lui disant : Que veux-tu que je fasse pour toi ?
Alors que tout le monde ne voit dans ce mendiant aveugle qu’un marginal, Jésus le reconnaît comme une personne à part entière…

On appelle donc l’aveugle, nous dit l’évangile, et on lui dit : Confiance, lève-toi, Il t’appelle ! L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Il largue tout, il fonce dans la ténèbre, lui qui tâtonnait le bâton tendu. Il court sans rien voir !
Au début du récit, Bartimée, le mendiant aveugle est assis au bord de la route. Il est posé là comme une « poubelle ». Il est resté en plan. Il a été mis sur la touche, il a été jeté sur le bord… Mais Jésus lui fait confiance !

Alors, d’un seul coup, tout devient possible !
Il a suffi d’une marque de confiance de Jésus pour que celui qui était écrasé, humilié et méprisé se retrouve debout !

Ce n’est plus lui qui est jeté, c’est son manteau qu’il jette. Oui, on a l’impression qu’il jette son manteau comme on change de peau, comme on est délivré de tout le poids des choses qui font mal et de tous les jugements qu’on vous a mis sur le dos.

Bartimée était aveugle et mendiant. Jésus lui demande ce qu’il veut. Bartimée aurait pu demander la fortune, la résurrection et la gloire.
Il demande la vue… Aussitôt ses deux yeux s’ouvrirent et reconnurent l’amour qui se tenait là devant lui…
L’homme qui, auparavant, était figé dans les ténèbres est devenu le disciple aux yeux ouverts et qui suit maintenant Jésus qui s’en va à Jérusalem où il sera arrêté, jugé, torturé et exécuté. La route que Bartimée prend est la route de la nouveauté, la route de la vie.

Mais cette route ne sera certainement pas toujours si lumineuse : il y aura des doutes, des épreuves… Il y aura aussi tous ces moments où tout lui semblera noir, obscur et sans espérance… !

Et pour vivre jusqu’au bout son destin d’homme à part entière, il faudra qu’il accepte de tomber et de se relever…
Mais avec Jésus qui le précède sur ces mêmes chemins, il passera toujours par le jardin de l’espérance, jardin où Dieu se lève et chaque homme avec Lui.

Hier, Bartimée fraîchement guéri et qui accepte de suivre Jésus sans trop savoir où il va poser ses yeux, sans savoir non plus où il va mettre les pieds !

Aujourd’hui, c’est vous et moi, c’est nous tous qui sommes invités à prendre ce chemin qui mène vers Jérusalem, un chemin où Dieu est là qui nous invite à grandir et à ressusciter à travers les joies et les épreuves que nous vivons au quotidien ! Un chemin où Dieu est là qui nous invite à jeter le manteau, à nous délester de nos protections, à nous risquer dans le noir vers Jésus pour être soudain illuminés de sa lumière…

Et Dieu est justement là qui dit à chacune et à chacun de nous :
Marche debout, comme un Fils de Dieu, comme mon fils ! Marche ! N’aie pas peur ! Je suis avec toi !
Amen

 

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