Célébration oecuménique – semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens

Pasteur Didier Halter, à l’aumônerie de l’Hôpital de Sion, le 20 janvier 2002

Lectures bibliques : Isaïe 53, 2-4;Luc 10, 30-37

Introduction à la Cantate de Bach, BWV 131 « Aus der Tiefe Rufe ich, Herr, zu dir ».

Que la grâce et la paix soient avec vous toutes et vous tous de la part de Dieu notre Père. Amen ! En tant que pasteur de la paroisse protestante de Sion et environs, mais aussi en tant qu’aumônier protestant de l’hôpital de Sion, je vous salue chaleureusement dans le Seigneur.

Si la division des chrétiens est une souffrance pour nos Eglises, le monde et aussi pour Dieu ici, dans cet hôpital, la souffrance est paradoxalement ce qui nous unit. Elle nous place, catholiques et protestants, devant l’appel radical du Seigneur : J’étais malade et vous m’avez visité. Loin des discours théologiques, ici c’est ensemble que nous sommes placés face à des humains qui souffrent, qui cherchent, qui crient, qui pleurent, mais aussi qui prient, qui espèrent et qui vivent.
La cantate de Bach qui guidera notre démarche spirituelle de ce matin suit ce mouvement profond qui va de la plainte à la confession de foi, du cri à la louange, du désespoir à l’apaisement, de l’absence absurde à la présence plénitude.

Avec le chœur d’entrée, nous avons vibré aux paroles du psaume 130 : Des profondeurs, je crie vers toi Seigneur. Seigneur écoute ma voix ! Que ton oreille soit attentive au son de ma supplication. Car notre commune réponse à l’appel du Seigneur est d’abord l’écoute, l’écoute de la plainte, l’écoute du sentiment de faute, l’écoute de la souffrance. L’espérance et la paix ne peuvent que difficilement germer dans un cœur qui déborde de souffrance. L’écoute au nom de celui qui avait déjà entendu les cris de son peuple en Egypte veut aider à vider les cœurs et laisser de la place pour recevoir la présence.

C’est encore ce cri du cœur auquel nous nous associerons après la prière dans l’écoute du morceau qui dit entre autres: Décharge mon cœur afin que je ne sois pas écrasé.

Commentaire 1, sur Esaïe 53, 2 – 4

La plainte de la personne souffrante s’accompagne aussi de bien des questions et vous le savez vous qui êtes actuellement dans un lit d’hôpital. Cette situation nous déracine, nous arrache à notre chez-nous, à nos habitudes, à notre train de vie quotidien. Malades, nous sommes intérieurement désécurisés, livrés à nous-mêmes, fragiles. Ici c’est le temps des questions.
Qui est responsable de ma situation ? Qui est la cause de ma maladie ? Qui est responsable de tout cela ? Fatalité ou culpabilité ? Et si c’était moi qui en portait la responsabilité ? Ce que je vis s’agit-il d’une épreuve ? d’une punition ? Si Dieu était vraiment aussi bon et grand comment a-t-il pu permettre cela ? Où se tient le Créateur ?

Ce cri est le signe d’une quête, d’une recherche. Nous sommes à la recherche du sens de ce qui nous arrive. Nous sommes en quête d’une voix qui vienne nous dire le chemin. Nous sommes en quête d’une voie qui nous dirige vers une parole de vie.

Par la bouche du prophète Esaïe, dans la description du serviteur souffrant, dans la litanie de l’homme de douleur, peut-être nous sera-t-il donné de comprendre que Dieu est bien présent. Il n’est pas dans un ciel lointain. Il se tient à nos cotés, partageant nos peines et nos souffrances.

A l’hôpital, pour les catholiques comme pour les protestants, pour les croyants comme pour les non-croyants, pour moi comme pour toi, Dieu est du coté de la croix, silencieux parce que tout à l’écoute. Silencieux et présent.

Commentaire 2, sur Luc 10, 30 – 37

Les rencontres nous font vivre. Ici à l’hôpital plus qu’ailleurs peut-être, les rencontres nous font vivre car elles nous disent que nous existons encore, que nous vivons. Les rencontres nous font vivre.

De qui t’es-tu approché ? Voilà la question que nous adresse l’Evangile de ce jour. Vers qui t’es-tu rendu aujourd’hui ? As-tu rencontré un être humain créé à l’image de Dieu ? As-tu reconnu en lui, en elle, un frère, une sœur que Dieu te donne ? As-tu vu dans sa souffrance la passion de Dieu pour toi ? As-tu perçu dans son visage un reflet du visage de Dieu lui-même ?

Souvent, je me dis après une journée à l’hôpital : Tu as vu un tas de gens aujourd’hui. Certaines visites ont été faciles, d’autres difficiles. Tu as croisé des personnes heureuses de te voir et d’autres indifférentes à ta venue. Mais as-tu rencontré ces personnes ? Les as-tu rencontrées réellement comme autant de signes que Dieu place sur ton chemin ? Et toi as-tu su être pour elles un compagnon de route à l’image du compagnon d’Emmaüs ?

Car dans l’instant de la rencontre peut se creuser la place pour que le visiteur et le visité s’ouvrent ensemble, sur un pied d’égalité à la présence de Dieu lui-même qui vient les visiter. C’est alors que le cri s’apaise. C’est alors que la vie se faufile. C’est alors que des vies se rendent disponibles pour l’espérance.

Ensemble, nous espérons le Seigneur dans cette rencontre. Il vient. De lui nous recevons la paix dans nos tourments. C’est lui qui s’est approché de nous et qui prend soin de nous, blessés de la vie.

Oui, comme le chante le chœur de cette cantate que nous allons entendre : Oui, mon âme espère le Seigneur.

Envoi

Nous avons somme toute peu parlé d’œcuménisme dans cette célébration, non pas par indifférence ou mépris. Nous avons simplement avec les paroles de cette cantate été transportés par une musique qui parle au cœur. Nous avons simplement voulu devant Dieu confesser notre foi commune que nous aimerions vous redire maintenant : Espère le Seigneur, en Lui est la grâce.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *