Célébration oecuménique dans le cadre de la Fête du Blé et du Pain, Echallens

 

Steve Emmett, Philippe Morel, Jean-Marie Cattin , le 24 août 2008, à Echallens
Lectures bibliques : Luc 8, 4 – 11 ; Marc 4, 26 – 32

Un petit grain de folie…

Partie 1 avec Steve Emmett

Jésus nous invite à prier Dieu et en particulier à lui dire cette phrase partagée par tous les chrétiens : « Donne-nous notre pain de ce jour. »
Un pasteur préparant son culte s’est un jour endormi sur le coin de son bureau au moment où il pensait à placer cette prière dans le déroulement de son culte. Son bureau se transforme en comptoir d’un magasin et en face de lui se trouve un vendeur étonnant : un ange.
Le pasteur lui demande: « Que vendez-vous ? »
L’ange répond : « Tout ce que vous désirez. »
Alors le pasteur en pleine confiance face à un ange, commence à énumérer ce qu’il désire vraiment au fond de lui : j’aimerais bien la fin des guerres dans le monde, la fin de la faim dans le monde, l’intégration dans la société de tous les marginaux, plus de respect entre mes paroissiens, de l’écoute dans chaque …
L’ange lui coupe la parole : « Excusez-moi, Monsieur, vous m’avez mal compris. Ici nous ne vendons pas de fruits, nous ne vendons que les graines ! »

Dans les évangiles, Jésus se compare à la graine de blé : Jean 12, 24. « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance. »
Qui est Jésus ? Jésus se compare à cela ! à ce petit truc (une graine), qui semble tout sec et pas vraiment beau. C’est petit, insignifiant ! Jésus se compare à un grain, un grain de folie, de Dieu.
Jésus proclame ici la réalité de sa mission divine. Sa venue pour réconcilier les hommes avec Dieu ! Il utilise cette image de la graine qui doit être mise en terre, mourir, s’y dissoudre, en sorte que le germe qu’il renferme se nourrisse des sucs du sol et que la vie naisse de la mort. A cette condition seule, le grain peut porter beaucoup de fruit. Si, au contraire, il est gardé en un endroit qui ne provoque pas sa mort, il se conserve, mais reste seul, parce qu’il n’a aucune force de reproduction.
Jésus applique d’abord cette image à lui-même. S’il n’avait pas donné sa vie pour le salut du monde, il serait resté de lui quelques grandes vérités religieuses et morales, et il n’y aurait eu que quelques disciples autour de lui. On n’aurait pas vu se former une Eglise chrétienne, une humanité nouvelle et naître à la vie divine des millions de personnes, qui depuis 20 siècles ont été le fruit de sa mort.

Folie de l’amour, folie des outils de Dieu : la fragilité, ses amis des gens peu instruits, des paroles prononcées « Si on te frappe sur la joue, tends l’autre !» Folie de ne pas proposer un projet tout ficelé, où l’homme n’a plus qu’à appliquer des ordres et des recettes qui conduisent au paradis.
Grain de folie, la folie de Dieu, la folie du don, de prendre l’autre vraiment en considération, de tenir compte de chacun. Refus de s’imposer, d’en imposer, pour la confiance en l’autre, en nous. Un Dieu pas tout cuit, mais qui inspire nos vies, plante en nous sa graine. Que la graine pas le fruit…

Partie 2 (Philippe Morel)

« Ici nous ne vendons pas de fruits, nous ne vendons que les graines! »
Quelle graine allons-nous demander à Dieu ce matin ? Qu’est-ce que Dieu sème en nous ? Est-ce que vous avez un grain ? Est-ce que vous avez un grain de la folie de Dieu en vous ?
Ecoutons l’évangile de Luc : chapitre 8, 4 – 11. Que nous apprend Jésus par cette parabole ?
1. Tout d’abord Dieu sème sa parole, les mots de la Bible. Et en effet, ce livre est à portée de main pour nous tous : il est semé dans nos maisons, dans les tiroirs de table de nuit d’hôtel, dans certaines salles d’attente, sur internet ou sur CD pour être écouté.
Si jamais il vous manque aujourd’hui une Bible, certainement qu’un pasteur, un prêtre, un visiteur d’une Eglise n’est pas loin de vous et désire vous en apporter une. Pour vous ici à Echallens, au cas où, j’en ai là quelques exemplaires à votre disposition : il n’est jamais ni trop tôt ni trop tard !
Et même sans la bible sous les yeux, il y a des mots de ce livre qu’on connaît, qui habitent notre mémoire, notre coeur :
« L’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien »
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique pour que nous ayons la vie .»
Et tant d’autres…

2. Le second enseignement de ce passage, c’est que Dieu sème large, partout, même au bord du chemin, sur les pierres ou dans les ronces. Dieu ne sème pas qu’entre les bancs (ou les chaises) d’églises. Curieux semeur que celui-ci qui a l’air de semer sans compter, en lançant les graines de tous les côtés, n’importe où, dans tous les terrains.
Et, Il ne sème pas que des grains de blé comme on a vite tendance à l’imaginer, Gros-de-Vaud oblige ! Il sème des semences, des graines de toutes sortes. L’une donnera un épi de blé, l’autre d’orge, une autre une carotte ou un tournesol. Il y a diversité. La parole de Dieu nous met en route de manières diverses chacun pour être signe de l’amour de Dieu.
Nous avons diverses manières de vivre la foi, la relation avec Dieu, des tonalités différentes, des actions qui nous tiennent plus particulièrement à coeur. C’est la richesse des confessions, des traditions chrétiennes, c’est aussi la richesse des 4 évangiles, des 4 regards sur la vie de Jésus que contient déjà la Bible.

Ici à Echallens, la plateforme oecuménique du CEP pour Catholique, Evangélique, Protestant a accueilli cette graine, cette parole de l’évangile de Jean : « Qu’ils soient un pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 14, 21). Cette parole de Jésus pour l’unité a pris racine ici, a poussé, a donné des fruits, et même de nouvelles graines qui à nouveau semées donnent de nouvelles plantes, de nouveaux chemins d’unité.
Dieu sème une parole, des mots qui cherchent un endroit où s’enraciner, prendre force, porter du fruit. Comment est-ce que je reçois cette graine ? Savons-nous offrir les conditions les meilleures pour que ces graines puissent s’épanouir ?
Ecoutons la suite des explications que Jésus lui-même donne à ses amis, ses disciples :
Luc 8, 12 – 15 : «Ceux qui sont au bord du chemin…ils entendent », ce n’est pas tout de suite un « non » ferme et définitif aux paroles de Dieu qui exclurait tout cheminement de foi.
Mais je reste au bord du chemin, j’écoute d’une oreille sans oser entrer dans le partage, dans la rencontre, dans la réflexion. Et avant que la parole de Dieu m’aie rejoint, touché, impliqué, je l’ai oubliée, elle n’a pas eu le temps de pénétrer en moi et de me vivifier. Ça entre par une oreille et ça ressort par l’autre, pourrait-on dire.
Verset 13 : « Ceux qui sont sur la pierre… ils croient », mais ils abandonnent.

  • Est-ce qu’il faut vraiment se lever le dimanche matin pour rejoindre d’autres chrétiens ?
  • Je parle de mes nouvelles convictions à un ami qui en rigole haut et fort …
  • Je demande quelque chose à Dieu et cela ne marche pas !

Alors je me retourne vers mes habitudes, mes efforts, mes solutions, sans oser davantage compter sur Dieu, sans persévérer.
Verset 14 « Ce qui est tombé dans les épines… » Faut-il plus d’explications à cette situation pour nous ? Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !… et prenne ses gants et son sécateur.
Verset 15 « Ce qui est dans la bonne terre… à force de persévérance » Porter du fruit, être une bonne terre, cela demande du temps, de la continuité, de l’accroche. Comme toute relation entre nous, la relation, la confiance avec Dieu se construit avec le temps, les questions, le partage avec d’autres, les fêtes et les batailles.

Parmi ces explications de Jésus, ces situations qu’évoque Jésus, l’une nous interpelle davantage ou plusieurs de ces situations nous titillent, recevant la graine de la parole de Dieu de manières diverses dans les différents sols de nos vies : la famille, les loisirs, le métier, le rapport à l’argent, notre relation de couple, etc.
Je peux me demander

  • quelle terre dure je peux sarcler ?
  • quel caillou je peux enlever ?
  • quelle ronce je peux couper ?

dans ma vie pour mieux accueillir la graine de la parole de Dieu en moi.
Mais je peux aussi me demander quelle graine de la parole de Dieu j’ai reçue, quelle graine pousse déjà dans ma vie aujourd’hui ? Avons-nous une ou deux paroles de la bible qui prennent racine en nous, qui ont trouvé en nous une terre accueillante ?
Je vous propose de laisser ces deux réflexions cheminer en nous avec quelques notes de musique.

Commentaire de la Parole Marc 4, 26 – 32 (Jean-Marie Cattin)

Nous avons certainement tous trouvé une ou deux paroles de la bible qui ont trouvé en nous une terre accueillante, qui ont pris racine, qui ont grandi et nous habitent. Cette parole d’Evangile, un jour, elle nous a touchés, bousculés ; le grain de folie s’est plantée en nous. Cette parole est présente en nous, puisque nous nous en souvenons. Peut-être qu’elle y est très présente, peut-être qu’un vieux souvenir, à la cave, mais elle est là. Et cette Parole vit en nous, nous travaille. Si nous sommes ici ce matin, si vous écoutez cette célébration à la radio, c’est bien un signe que la Parole semée a déjà poussé en vous, et que vous avez choisi d’y répondre, d’être en conversation avec Dieu.
On pourrait même dire que les chrétiens sont celles et ceux qui reconnaissent que la Parole de Dieu est à l’œuvre dans leur vie et dans le monde. Cette Parole, c’est Jésus-Christ.
Dans la première parabole, cela paraît très simple de cultiver un champ : Semailles et moissons sont rapides : « on jette le grain », « on met la faucille » Et entre les deux, le semeur semble se désintéresser, vaquant à ses autres occupations sans paraître se soucier de son champ. « Qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment », sans qu’il ait à intervenir.
Il ne s’agit pas de dénigrer le travail du semeur, mais surtout de mettre l’accent sur la puissance de vie qui est contenue dans une graine. Quand vous semez des graines dans votre jardin, vous faites un acte de foi ! Vous faites confiance à la graine, à la vie en elle, à la terre, à l’eau, à la météo, pour qu’elle pousse, se transforme, et devienne nourriture.
Et bien Dieu fait la même chose avec sa Parole. Il fait confiance à l’efficacité de sa Parole. L’efficacité de la Parole ! Ne croyons surtout pas que la Parole de Dieu ce n’est que des mots, non, la Parole agit ! Dans notre vie quotidienne, nous pouvons remarquer à quel point une parole peut agir :

  • Combien une parole d’encouragement peut encourager !
  • Combien une parole méchante peut blesser pour de vrai !
  • Combien une parole d’amour peut consoler, apaiser et remettre debout.

La parole fait ce qu’elle dit. Et dans l’Evangile, les exemples sont nombreux où nous pouvons entendre la Parole de Jésus et voir son action : la Parole de Dieu fait ce qu’elle dit. Comme la vie est dans la graine, la vie est dans la Parole. Et si Dieu a confiance en sa Parole, c’est un appel à nous aussi y mettre notre confiance.

Mais c’est parfois difficile, le temps paraît long. Nous sommes dans ce temps où ça pousse, ce temps  de la patience de Dieu. La récolte, ce sera pour plus tard. Et c’est peut-être pour ça que Dieu paraît absent de la scène du monde. Mais il n’en travaille pas moins à mener à bien son entreprise par une action silencieuse et discrète, mais continue et efficace.
Cette semence qui grandit au point d’abriter les oiseaux ; cette parabole évoque bien sûr le Royaume de Dieu. Ce Royaume n’est pas seulement un lieu, mais aussi un état intérieur, un Homme nouveau, achevé, qui a fini de pousser. C’est en nous que Dieu a semé, qu’Il sème et fait grandir.

Je trouve ces 2 paraboles très apaisantes : nous pouvons avoir confiance en la force de vie qui fait que ça pousse. Une graine, à plus forte raison une graine de moutarde, ce n’est vraiment pas grand chose. Si on vous a donné une graine il y a 20 ans, ce n’était pas grand chose ; mais si vous avez semé cette graine, elle est devenue une plante, un arbre. (Is 55, 10-11) « La Parole de Dieu se comporte comme la pluie, qui ne retourne pas dans les nuages sans avoir irrigué la terre et fait germer et pousser les plantes. De même, la Parole de Dieu ne reste pas sans effet, sans résultat ; elle vient créer ce que Dieu désire. »

Nous pouvons nous aussi ce matin affirmer cette confiance en Dieu et en sa Parole. La folie, c’est de faire confiance : cette Parole semée en nous devient source de Joie et de Paix.  C’est l’appel du chrétien : mettre dans la terre de sa vie la Parole de Dieu pour donner la vie.

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