Célébration de la Passion

 

Abbé Jean-Robert Allaz, à la basilique Notre-Dame, Lausanne, le 10 avril 2009
Lectures bibliques : Isaïe 52, 13 – 53, 12; Hébreux 4, 14-16; 5, 7-9; Jean 18, 1 – 19, 42  – Année B

 

Mes frères, mes sœurs, mes amis,
ici à la Basilique et à la radio,

Dans le cadre de la beauté de cette liturgie, à la fois sobre et prenante, mais intense à travers le texte de la Passion selon Saint Jean et de la musique de Bach, nous sommes tentés d’assister à un spectacle.

  C’est bien plus, la réactualisation du Sacrifice de la Croix et du Mystère de la Rédemption, du Salut de l’humanité. Une histoire d’amour entre Dieu et les hommes. Nous voilà donc ‘’pris au piège’’ en ce Vendredi Saint, obligés de nous arrêter pour contempler le Christ sur la Croix.

Cet après-midi, le regard du Christ croise notre regard. Il n’est pas possible de tricher, de s’esquiver, de nier ce Sacrifice. Le Christ nous a donné un rendez-vous incontournable. Il nous accueille avec son regard tout de Miséricorde et de Compassion. Souvent, durant sa vie publique, Il eut pitié de cette immense foule qui venait à Lui, comme un troupeau sans berger. N’est-ce pas le même regard sur nous ?
Maintenant, Il nous redit : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau… » Mais Il se montre aussi exigeant « Celui qui regarde en arrière n’est pas digne de me suivre… »
Il veut, j’allais dire tout ‘’simplement’’, mais c’est plutôt ‘’grandement’’, nous faire apprivoiser la Croix, la regarder lucidement et ne pas l’ignorer, comme si le chrétien pouvait passer allègrement du Dimanche des Rameaux au matin de Pâques. Pas de résurrection, sans la mort, et la mise au tombeau du Vendredi Saint !

Et nous voici au pied de la Croix. Quels personnages aurions-nous été, si nous avions été présents au Calvaire ? Avec beaucoup d’humilité, avouons que nous ne serions probablement pas en premier les femmes courageuses, ayant suivi jusqu’au bout, avec Marie, la Mère de Jésus. Le quotidien de nos vies fait de nous des apôtres – croyants et généreux, mais si souvent peureux, à l’image de Pierre et des autres -, des foules promptes à crier contre l’injustice, mais à s’accommoder de paroles, d’actes et de situations ambiguës, comme Pilate… Mais nous serions aussi là, sur le chemin, je l’espère comme Simon de Cyrène ou Joseph d’Arimatie, prêts à partager l’amour du prochain et, partant, à rejoindre le premier commandement de Jésus.

Au pied de la Croix, c’est aussi l’écoute que le Christ nous offre. Lui rappeler les misères de l’humanité, les victimes du tremblement de terre en Italie, les souffrances physiques ou morales… Il les connaît bien assez, elles sont au cœur de son Sacrifice. Le dialogue avec Jésus s’opère par la prière. Dans ce moment privilégié au pied de sa Croix, redisons-Lui nos prières dans une dimension tout universelle :

Pour l’Eglise de Dieu, annoncée par le Christ ; nous l’aimons, même à travers des incompréhensions ;

Pour le Pape Benoît XVI, les Evêques, les prêtres, les diacres et les fidèles au service de l’Eglise ;

Pour les catéchumènes et ceux qui sont en route dans la découverte de la foi ;

Pour l’Unité des chrétiens et l’abandon de tant de divisions ;

Pour nos frères et sœurs dans la foi en un Dieu Unique, descendants d’Abraham, les Juifs et les Musulmans ;

Pour ceux et celles dont la vie n’est pas animée par la foi en Dieu et en Jésus-Christ ;

Pour tous ceux et celles qui dirigent notre terre, elle est création de Dieu ;

 

Et dans le secret du cœur de chacun et chacune, tant de souffrance et d’espérance, tant de soif de justice et d’amour.

Alors, vous en conviendrez, il valait la peine de nous arrêter au pied de la Croix ce Vendredi Saint ! Pour redire, à travers le Sacrifice de son Fils Jésus, que Dieu est Amour.
AMEN.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *